UNICEF : Pour chaque enfant, tous ses droits


Lettre ouverte à l’occasion des 30 ans de la Convention relative aux Droits de l’Enfant

Par Félicité Tchibindat, Représentante de l’UNICEF au Niger

20 novembre 1989 – 20 novembre 2019.  Il y a 30 ans de cela, jour pour jour, les dirigeants du monde ont pris un engagement historique envers les enfants en adoptant la Convention relative aux droits de l’enfant, qui fait office d’accord international. Cette convention est devenue le traité relatif aux droits de l’homme le plus largement ratifié de l’Histoire et a contribué à transformer la vie des enfants. Le Niger a ratifié la Convention en 1990.

Au-delà de la dimension historique de cette journée, il s’agit pour nous tous, de marquer un temps d’arrêt pour faire le point sur la situation des enfants au Niger. C’est une opportunité de réflexion sur les réalités que vivent les enfants et de proposer des stratégies et des interventions appropriées pour accélérer les efforts.

Ces dernières années ont été un voyage exceptionnel pour les enfants au Niger. Aujourd’hui, les bébés et les jeunes enfants sont moins susceptibles de mourir d’infections respiratoires, de diarrhée, de paludisme, de prématurité et d’autres maladies infantiles courantes que par le passé. Pouvoir aller à l’école au Niger est maintenant une réalité pour beaucoup plus d’enfants qu’il y a près de 30 ans.

Des développements substantiels dans les législations, les politiques, les stratégies et la programmation au niveau national ont été enregistrés au cours des dernières années – dans la lutte contre le mariage des enfants, dans la promotion de la scolarisation des filles, dans les secteurs de la santé, de l’eau, hygiène et assainissement, de l’éducation et de la protection des enfants, etc.

Cependant, il reste beaucoup à faire pour créer un environnement favorable aux enfants et aux générations futures. Certains enfants n’ont toujours pas la possibilité de profiter pleinement de leur enfance. Le parcours depuis le ventre de la mère jusqu’aux années vulnérables de l’adolescence est souvent rempli de dangers et de difficultés.

Le Niger a un faible taux de vaccination des enfants et une population qui n’a que très peu accès à l’assainissement. Les taux de fréquentation à l’école primaire et secondaire restent faibles, le mariage des enfants reste répandu et les pratiques de soins et d’alimentation des jeunes enfants sont parfois inadéquates, ce qui contribue à des taux élevés de malnutrition et de maladies.

Le Niger continue de faire face à des urgences simultanées qui mettent à rude épreuve les capacités du pays à répondre. Les enfants sont confrontés à la malnutrition, à des épidémies récurrentes, à des inondations cycliques, à la sécheresse et au déplacement. La situation est exacerbée par l’instabilité dans les pays voisins, entraînant l’afflux de milliers de réfugiés, de rapatriés, de migrants et de déplacés internes, qui ont tous besoin d’accéder aux services sociaux de base pour survivre.

La célébration de l’anniversaire de la Convention nous offre une tribune pour honorer nos devoirs et nos responsabilités et renouveler nos promesses envers les enfants. C’est un moment pour nous de réaffirmer notre engagement indéfectible à respecter et à protéger les droits et les principes énoncés dans la convention, et à identifier et à prendre des mesures concrètes et réalisables à l’égard de son application complète, en adoptant des politiques pertinentes centrées sur l’enfant, en augmentant les investissements et en affectant les ressources nécessaires pour la réalisation de leurs droits, et en intensifiant à cet effet les partenariats multipartites, y compris avec le secteur privé, les jeunes et la société civile. Il est tout aussi important de prendre en compte le véritable point de vue des enfants lors de l’élaboration et de l’évaluation des stratégies et des programmes conçus pour réaliser leurs droits et répondre à leurs besoins.

Aussi, à l’heure où nous dressons le bilan des 30 ans de la Convention relative aux droits de l’enfant, nous devons regarder vers l’avenir, et plus précisément vers les 30 prochaines années. Pour cela, il est essentiel que nous écoutions ce que vous, les enfants et les jeunes d’aujourd’hui, avez à nous dire sur les questions qui vous préoccupent et que nous donnions la possibilité de trouver vous-mêmes les solutions à ces problèmes, que vous preniez en main votre avenir et que vous soyez les artisans d’un Niger prospère où chaque fille et chaque fils contribuent au développement.

Chaque jour de l’année devrait être une Journée Mondiale pour l’Enfance. Car nos engagements envers les enfants doivent se traduire en action au quotidien dans la réalité. Le moment est venu de remettre les droits de l’enfant à l’ordre du jour. Le moment est venu de faire des enfants une priorité absolue.

L’UNICEF n’est pas seul à plaider en faveur des droits de l’enfant. Fort heureusement, la Convention peut compter sur un vaste réseau d’organisations et d’individus, y compris les enfants eux-mêmes, qui surveillent et appuient son application. Plus ils seront nombreux, meilleures seront les chances que l’idéal décrit il y a presque 30 ans devienne une réalité pour toutes les générations d’enfants à venir.

Pour chaque enfant, une enfance