SECURITE : l’étonnante radiation du Général de Brigade Mahamadou Mounkaila


20190426_220257Des sources militaires, Mahamadou Mounkaila, n’a connu que l’Armée depuis son jeune âge du Prytanée militaire de Saint-Louis au Sénégal à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM Saint-Cyr), en passant par plusieurs autres écoles militaires dont l’Institut des hautes études de défense (IHEDN). A 53 ans, le Général de Brigade Mahamadou Mounkaila aura gravi différents échelons et ce, dans la discrétion, la bravoure, le dévouement, le don de soi ultime à sa patrie. Cette carrière exceptionnelle a valu à Mahamadou Mounkaila d’être successivement Commandant de l’Ecole de formation des FAN (EFOFAN), puis d’occuper, au milieu de la guerre asymétrique contre Boko-Haram, le poste stratégique de Commandant du Fuseau Centre de la Force Conjointe du G5-SAHEL basé à Niamey, ainsi que du Secteur 4 de la Force Multinationale Mixte (FMM) de la CBLT et du Bénin, qui opère dans le bassin du Lac Tchad.

Image1PRNVoici brièvement présenté, le général de Brigade des Forces Armées Nigériennes (FAN) qui a été mis à la « retraite d’office » à compter du 19 avril pour « raisons disciplinaires », « radié » des effectifs de l’Armée par décret du Président de la République, Chef Suprême des Armées. Depuis cette annonce, secret d’Etat, secret défense, question sensible, sûreté de l’Etat, situation sécuritaire fragile etc. les mots ne manqueront pas aux profanes et autres commentateurs du règlement militaire pour tenter, chacun en ce qui le concerne, ou de retenir l’information ou d’étouffer les raisons détaillées sur cette étonnante radiation, en temps de guerre, d’un officier général des FAN promu général il y a quinze (15) mois. Tout ce que l’opinion publique a le droit de savoir concernant Mahamadou Mounkaila est qu’il a été mis à la « retraite d’office » pour « raisons disciplinaires ». Autrement dit, pas de détails, pas de commentaires, l’Armée ne fait pas de bruit ! Pour l’heure, la question que tout le monde se pose dans les salons de Niamey, est de savoir si la radiation du Général de brigade Mahamadou Mounkaila des affectifs de l’Armée n’est pas  le début d’un long feuilleton sur lequel certainement l’avenir nous édifiera davantage ? D’aucuns pensent que d’être radié pour « raisons disciplinaires » en pleine guerre, un général de brigade n’aurait-il pas tout simplement demissionné pour respect au corps ?

IMG-20181218-WA0059L’Armée ne fait pas de bruit, pourtant le Chef Suprême des Armées, Issoufou Mahamadou a personnellement jugé utile, dans son message à la Nation du 17 décembre 2015, d’entretenir l’opinion publique lorsque certains officiers ont été mis en cause dans ce qu’il avait qualifié de « haute trahison non seulement contre les institutions civiles de l’Etat mais aussi contre l’institution militaire elle-même». Il en est de même quand en son temps, Ministre de la Défense Nationale, M. Karidjo Mahamadou a lui aussi maladroitement tenté d’éclairer l’opinion publique sur ce que le Président de la République a qualifié de « « tentative de coup d’Etat». Même scenario, lorsque dans une sortie médiatique, le Ministre l’intérieur Hassoumi Massoudou assurant l’intérim de son homologue de la Défense Nationale a également tenté d’expliquer à l’opinion, les raisons de l’arrestation de neuf (9) officiers au premier rang desquels le Général Salou Souleymane, Inspecteur général des armées et de la Gendarmerie nationale au moment des faits.

Comparaison n’est pas raison, nous dira-t-on, mais il importe de savoir si le cas d’indiscipline stricto sensu d’un général de brigade en temps de guerre n’est pas une autre forme de « haute trahison contre l’institution militaire ? » Et qu’en conséquence cela mérite plus d’amples explications. Dans tous les cas, la réalité dans cette affaire est que l’opinion publique nigérienne n’est suffisamment informée sur ce qui se trame au sein de l’Armée que quand le régime serait en cause mais rarement quand rien ne va au sein de l’institution elle-même. Pendant ce temps, plus la guerre contre Boko –Haram  persiste, les traditionnels bilans des attaques se font rares, les autorités en charge de la Défense Nationale communiquent peu. A l’évidence, le Gouvernement s’est imposé comme seul juge de la ligne de démarcation entre le droit du public à l’information sur cette guerre et la nécessite de ne pas affecter le moral de nos troupes.

cnsDans le cadre de cette guerre contre Boko Haram qui a conduit, en Novembre 2015, à l’instauration de l’état d’urgence à Diffa puis son extension à d’autres localités des régions de Tillabery et Tahoua, plusieurs officiers de notre armée croupiraient dans différents établissement pénitentiaires de notre pays sans que l’Etat Major des Armées et le Ministère de la Défnse Nationale ne disent officiellement mot ni sur les raisons de leur détention ni sur le sort à eux réservés par la Justice (civile ou militaire). Quoique certains veuillent le faire croire, l’armée n’est pas une institution entièrement à part. Elle n’est pas extraconstitutionnelle. L’Armée est composée des filles et des fils de la Nation. A ce titre, elle fait partie intégrante de la société globale nigérienne dont elle a mission de protéger tout en assurant, au prix du sacrifice suprême, la défense de l’intégrité du territoire.

Partant de ce fait capital, le droit du public à l’information s’impose en dépit de la complexité des défis sécuritaires qui se dressent devant notre Armée. Et Cela pour deux raisons : l’exigence de transparence dans la résolution des problèmes sécuritaires et la nécessité de créer et maintenir un climat de confiance entre l’Armée et la Nation. Dès lors, le corpus de « tradition militaire », la rétention de l’information sur le fonctionnement de l’institution républicaine qu’est l’Armée ne doivent servir de prétexte pour taire des injustices ou réduire au silence des faits qui préoccupent l’opinion publique.

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