RAPPORT : Les efforts de plaidoyer des OSC du Niger se sont améliorés en 2018
Extrait du Rapport de l’Indice de Pérennisation des Organisations de la Société Civile du Niger en 2018
(Publié en Décembre 2019)
Les efforts de plaidoyer des OSC se sont améliorés en 2018, notamment en raison de leur action en faveur de l’abrogation de la loi de finances de 2018. Les OSC ont fait valoir que la loi exige trop d’impôts de la part des contribuables, et qu’il serait préférable d’éliminer plutôt les exonérations fiscales accordées aux multinationales comme les sociétés minières et les compagnies de télécommunication. Les mécanismes de plaidoyer utilisé par les OSC comprenaient l’organisation de meetings, la publication de communiqués de presse, la diffusion de débats à la radio ou télévisés et l’envoi de messages SMS ou WhatsApp. Les OSC considèrent que la réintroduction de la taxe sur les appels internationaux entrants (TATTIE) en 2019 et l’un des acquis de cette campagne.
Les OSC accompagnent le gouvernement dans certains processus décisionnels gouvernementaux, principalement au niveau central, généralement à l’instigation des bailleurs de fonds. Par exemple, en coopération avec des OSC internationales telles que Counterpart International et l’Institut des États-Unis pour la paix (USIP), des organisations locales telles que RAIL, l’AEC, DIKO, ASO-EPT Niger, SOS Civisme Niger et Karkara ont travaillé avec des institutions étatiques telles que la Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP), Commissariat pour la consolidation de la paix (HACP) et la police pour renforcer la collaboration entre les forces armées et de sécurité et les civils. Des OSC telles que SOS Civisme Niger, AEC et RAIL encouragent une veille citoyenne pour le contrôle des actions publiques et la responsabilité sociale et sociétale. D’autres OSC participent à la formulation de politiques publiques et au suivi et à l’évaluation de la mise en œuvre de projets et programmes de développement aux niveaux local, national et sous-régional. Par exemple, ROASSN exerce la présidence de la plateforme africaine pour la protection sociale et de la Plateforme régionale pour le renforcement des systèmes de santé et la promotion de l’équité dans la vaccination.
Cependant, les autorités locales ont encore hésité à inclure les OSC dans leur processus décisionnel en 2018. Bien que le code général des collectivités offre aux OSC la possibilité d’influencer les décisions des conseils municipaux et régionaux, la loi restreint le rôle des OSC au statut d’observateur lors des séances, ce qui signifie qu’elles ne peuvent ni prendre la parole ni voter. Cependant, presque toutes les communes disposent d’un cadre de concertation pour les donateurs municipaux. En outre, de nombreuses communes disposent de comités de veille citoyenne, accompagné par l’ONG américaine Counterpart International, bien que la loi limite leur rôle à une fonction consultative.
Les OSC ont obtenu plusieurs succès en matière de politiques et de législation nationales en 2018. La Coordination ONG association féminine (CONGAFEN) et l’ONG Femme, action et développement (FAD) ont sensibilisé l’opinion au sujet du décret d’application n° 2017-935, publié en décembre 2017 et portant protection et soutien aux filles en cours de scolarité. Le Mouvement des jeunes pour le développement et l’éducation citoyenne (MOJEDEC), une OSC d’appui à l’éducation des enfants, a mené un plaidoyer pour la promotion et la protection de la liberté de réunion au Niger. Le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB) a joué un rôle déterminant pour le retour du Niger à l’Initiative pour la transparence des industries extractives, un mécanisme mondial de gestion durable des ressources naturelles, après son départ en 2017. Pour influencer l’action législative, les OSC sont plus susceptibles d’utiliser les technologies de l’information et de la communication que le lobbying direct.
La Plateforme de la société civile pour la protection sociale au Niger (ProtecSo) a mené une campagne de plaidoyer auprès de l’Assemblée nationale en faveur d’une loi sur la protection sociale. Pour mobiliser ses membres, ProtecSo a utilisé des réseaux sociaux comme WhatsApp et Facebook et le courrier électronique. Leurs efforts ont abouti à l’adoption, en avril 2018, de la loi n° 22-2018, qui énonce les principes fondamentaux d’une politique nationale de protection sociale.
Les ONG sont également présentes sur tous les fronts sécuritaires dans le pays. Elle mène des activités de renforcement de la cohésion sociale et d’amélioration de la collaboration entre la population et les forces de défense et de sécurité. Pour renforcer la collaboration sur les questions de sécurité, des ONG telles que RAIL, SOS Civisme et Karkara ont organisé des dialogues entre les populations locales et les forces de défense et de sécurité. Autre exemple : pour lutter contre le recrutement des jeunes par les groupes terroristes, l’AEC et RAIL ont organisé des séances éducatives et de sensibilisation dans la région de Diffa pour lutter contre le recrutement de jeunes par des groupes terroristes
Certaines OSC sont conscientes de la nécessité de réformer les lois qui les régissent et les protègent. Cependant, ces efforts n’ont pas vraiment eu de résultats en 2018, en partie parce que les OSC ne sont pas autorisées à introduire de lois.