RAPPORT : La pérennisation globale des OSC s’est légèrement détériorée en 2020.
PÉRENNISATON DES OSC: 4.8
L’année 2020 au Niger a été marquée par la pandémie mondiale de COVID-19, qui a ralenti presque tous les aspects de la vie sociale, économique et politique et a entraîné une profonde souffrance dans son sillage. Le 13 mars, avant la détection du premier cas de COVID-19 dans le pays, le gouvernement avait déjà imposé, à titre préventif, une interdiction générale des rassemblements publics. Le Niger a annoncé son premier cas de COVID19 le 19 mars. Le gouvernement a immédiatement mis en place des mesures pour stopper la propagation du virus, y compris l’éloignement social, la fermeture des écoles, des couvre-feux nocturnes et des restrictions sur les déplacements vers et depuis la capitale, Niamey. La Banque mondiale, le Fonds d’urgence des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres partenaires financiers ont apporté leur soutien pour faciliter l’achat rapide de médicaments et d’équipements et les transferts d’argent aux populations vulnérables. Les OSC ont travaillé avec le gouvernement pour sensibiliser le public aux mesures de prévention de la COVID-19 et ont distribué des kits de lavage des mains, des masques et d’autres équipements.
Le président Issoufou Mahamadou a effectué la dernière année de son mandat en 2020. Ce respect de sa promesse de respecter la limite constitutionnelle de deux mandats a ouvert la porte à la première transition démocratique du Niger d’un dirigeant élu à un autre depuis l’obtention de son indépendance en 1960. Le premier tour de scrutin pour les élections présidentielles, législatives et locales s’est tenu le 27 décembre 2020. Sur les trente candidats en lice pour la présidence, aucun n’a obtenu la majorité des voix, et un second tour de scrutin était prévu pour février 2021. Lorsque la Commission électorale nationale indépendante a annoncé les résultats du premier tour de scrutin, les partis d’opposition et plusieurs OSC, dont le Cadre d’action Niger debout (CADND), ont protesté contre des irrégularités dans le déroulement de l’élection. Des jeunes sont descendus dans les rues de Niamey, brûlant des pneus, pillant les marchés et détruisant des voitures. Des centaines de manifestants ont été arrêtés, et certains étaient encore incarcérés à la fin de l’année.
Après la publication d’un rapport d’audit indiquant une corruption à grande échelle dans les contrats militaires, des manifestations pacifiques à Niamey le 15 mars 2020 ont demandé une enquête sur le détournement présumé de fonds par le ministère de la Défense, s’élevant à environ 20 % du budget. Les manifestations ont été annoncées avant que le gouvernement n’impose une interdiction des grands rassemblements. Les organisateurs ont toutefois été accusés d’avoir enfreint les restrictions liées à la pandémie, qui étaient entrées en vigueur deux jours plus tôt. Les forces de sécurité ont violemment dispersé les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes, et au moins trois personnes ont été tuées. Seize activistes ont été arrêtés et inculpés pour organisation d’un rassemblement non autorisé et complicité de dégradation de biens publics, d’incendie criminel et d’homicide involontaire. Trois de ces militants ont été placés en détention pendant six mois. En avril, de violents soulèvements liés aux restrictions de la pandémie ont éclaté à Niamey. La police a répondu par des gaz lacrymogènes et plus de 100 personnes ont été arrêtées. Pour calmer la situation, les OSC et les chefs religieux ont mené des actions de sensibilisation du public en coopération avec l’administration centrale.
En 2020, le Niger, ses partenaires et ses voisins ont continué à lutter contre les attaques terroristes de l’État islamique, d’Al-Qaïda, de Boko Haram et d’autres groupes djihadistes dans les régions orientale et occidentale du pays. Ces conflits ont continué de provoquer des déplacements massifs de civils et la perte de moyens de subsistance. Tout comme les années précédentes, les ressources nationales et internationales destinées à la prestation de services sociaux de base ont été détournées pour répondre aux préoccupations sécuritaires en 2020. Pour combler le manque de services, des OSC de développement comme Alternative espace citoyen (AEC) dans la région de Zinder et à Karkara dans la région de Tillaberi ont aidé à subvenir aux besoins des communautés locales avec le soutien de bailleurs de fonds étrangers. Mais leur soutien a été quelque peu freiné par le fait que le gouvernement exigeait que les OSC utilisent des escortes de sécurité pour se rendre dans les communes rurales, ce que leur budget ne prévoyait généralement pas, ainsi que par les restrictions liées à la pandémie concernant les réunions et les rassemblements publics pendant de nombreux mois.
En raison des attaques terroristes et de la pandémie, la croissance économique réelle du Niger a chuté de 5,9 % en 2019 à 1,2 % en 2020, selon la Banque africaine de développement. Le taux de pauvreté a légèrement augmenté pour atteindre 42,9 %. Le Niger s’est classé dernier sur les 189 pays de l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement. En septembre 2020, le Fonds monétaire international a approuvé des décaissements de 83,66 millions de DTS (environ 114,49 millions USD) au titre de la facilité de crédit rapide pour aider le Niger à relever les défis budgétaires posés par la pandémie.
La pérennisation globale des OSC s’est légèrement détériorée en 2020. Le contexte juridique des OSC nigériennes s’est modérément détérioré en 2020 avec l’adoption d’une nouvelle loi sur la cybercriminalité en 2020. Toutes les autres dimensions de la pérennisation sont restées inchangées.
Selon les données les plus récentes, issues d’un rapport du ministère du Développement communautaire et de l’Aménagement du territoire (MDC/AT), en 2019, 2 895 organisations non gouvernementales (ONG) et associations étaient reconnues en 2018 conformément au décret d’application n° 84-49 de la loi n° 84-06 sur les associations. Par ailleurs, la même année, douze centrales syndicales et 26 000 organisations d’agriculteurs étaient reconnues en vertu d’autres lois.
Sources : Indice de Pérennisation des Organisations de la Société Civile au Niger en 2020