RAPPORT : La capacité organisationnelle des OSC du Niger s’est légèrement améliorée en 2019


CAPACITÉ ORGANISATIONNELLE: 5,0

 

La capacité organisationnelle des OSC s’est légèrement améliorée en 2019, comme en témoigne le fait qu’elles s’organisent de mieux en mieux en consortiums, notamment avec des OSC internationales, pour des projets d’envergure. Par exemple, SOS Civisme et le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB) ont répondu ensemble à un appel à propositions lancé par le Programme d’appui à la société civile (PASOC) de l’Union européenne (UE). SOS Civisme et Swisscontact a répondu avec succès à un appel à propositions du Programme d’appui à la gouvernance démocratique de la Direction du développement et de la coopération suisse pour des projets liés aux élections générales de 2020-21.

Les OSC nigériennes savent mobiliser les masses, identifier des partenaires, et cibler les groupes bénéficiaires. Presque toutes les OSC ont une approche participative de leurs bénéficiaires et les consultent dès la phase de planification pour déterminer leurs besoins et résultats souhaités. Les bénéficiaires contribuent également activement à la mise en œuvre des projets, souvent avec des activités complémentaires et en évaluant l’efficacité des activités des OSC. For exemple, les bénéficiaires des communes cibles du programme justice sécurité et dialogue de l’United States Institute for Peace (USIP) en partenariat avec le Réseau d’appui aux initiatives locales (RAIL) ont créé à leur propre initiative des plateformes d’échanges pour animer les populations sur la sécurité locale pour la collaboration entre les forces de défense et de sécurité et les populations. Ces séances se poursuivront probablement après la fin du programme. Les populations bénéficiaires de Dosso ont expérimenté une variété de semences dans le cadre d’un projet agricole mis en œuvre par le RAIL. Les OSC organisent également des activités, comme des manifestations sportives, festivals culturels et programmes éducatifs, pour informer leurs bénéficiaires, obtenir leur soutien et ainsi assurer la pérennité des projets. Ces événements sont souvent pris en compte dans les budgets des OSC ou parrainés par des personnalités ou des leaders locaux. Les OSC utilisent de plus en plus les nouvelles technologies pour sensibiliser les bénéficiaires, échanger des informations et lever de fonds. Certaines OSC mobilisent les diasporas pour obtenir des soutiens au niveau politique pour leurs activités.

Les missions et règles de fonctionnement des OSC sont définies par leurs statuts et règlements intérieurs respectifs. Des organisations plus établies, comme Diko, Alternative espaces citoyens (AEC), et la coalition nigérienne des Associations, syndicats et ONG de la campagne éducation pour tous (ASO-EPT) disposent de plans stratégiques financés par un partenaire ou parce qu’ils sont exigés par les partenaires comme condition de financement. Ces organisations ont également parfois des énoncés de vision. Mais elles ont rarement les ressources financières pour les réviser lorsque ces plans arrivent à échéance. La plupart des OSC locales ont, au mieux, des plans d’action.

La plupart des organisations s’efforcent de respecter leurs missions et leurs plans stratégiques ou d’action, mais elles doivent également rechercher des financements et entreprendre d’autres activités si les fonds sont disponibles. Toutes les ONG et associations de développement sont tenues de respecter la cohérence de leurs actions avec les politiques publiques ou sectorielles en vigueur et les plans de développement municipaux. Par exemple, la Chambre de concertation des ONG et associations de développement (CCOAD) a continué en 2019 de participer à la mise en œuvre, entre autres, des politiques sectorielles de développement rural, promotion économique, droits humains et en matière de genre. Certaines OSC plus établies, comme Karkara et le Regroupement national des ONG et associations du secteur de santé du Niger (ROASSN), ont adopté des politiques de suivi et évaluation pour mesurer les résultats de leurs activités.

Pour pouvoir s’enregistrer, toutes les OSC doivent avoir des directoires, comme des conseils d’administration, des comités exécutifs ou des conseils exécutifs. Ces directoires supervisent la planification ainsi que les partenariats institutionnels, et représentent leur organisation à l’extérieur. Dans certaines organisations, les dirigeants sont en place depuis plus de vingt ans sans avoir renouvelé leur conseil d’administration. Les responsables gouvernementaux invoquent cette tendance comme preuve que ces dirigeants ne sont pas qualifiés pour donner des leçons de démocratie, mais les documents constitutifs des OSC ne limitent pas le nombre de mandats que peuvent exercer les membres du conseil d’administration. La fonction exécutive est assurée généralement par un secrétariat exécutif, supervisé par un organe de contrôle interne. Certaines OSC de plus grande taille l’Association pour la redynamisation de l’élevage au Niger (AREN), SOS Civisme, et l’Association nigérienne de défense des droits de l’homme (ASSO), disposent des manuels de procédures administratives, comptables et financières et d’un système de signatures multiples pour les dépenses. En 2019, les OSC souhaitant obtenir le financement de partenaires devaient généralement préparer des politiques écrites dans des domaines comme le genre, la lutte contre la corruption, et la sécurité avant de signer les contrats.

Selon le gouvernement, les OSC représentent plus de 13 000 emplois à temps plein et temporaires par an depuis 2017. La grande majorité des OSC recrutent du personnel pour travailler sur des projets financés particuliers. La plupart des OSC nationales sans appui extérieur n’ont pas la capacité de faire appel à un personnel qualifié. Les organisations sous-traitent avec des comptables, des informaticiens et des avocats, en cas de besoin. Le bénévolat est rare, mais les jeunes diplômés acceptent des stages non payants avec les OSC dans le seul but d’acquérir de l’expérience. Certaines OSC, comme Cercle DEV par exemple, ont recours à des volontaires pour distribuer des aliments et des vêtements. Les retraités qui sont expérimentés et ont plus de temps ne s’intéressent pas au volontariat.

L’exigence d’avoir une adresse physique pour leur siège social, introduite en 2018, a encouragé certaines OSC à acquérir leurs propres locaux en 2019. L’État les a aidées en leur donnant gratuitement des terrains. Les ordinateurs, le minimum de logiciel bureautique, et d’équipement sont souvent hors de portée des petites OSC. L’accès à l’internet s’étend au Niger, mais la connexion peut être lente. Dans certaines zones rurales, l’internet n’est toujours pas disponible. Malgré ces difficultés, la plupart des OSC utilisent des smartphones pour utiliser les réseaux sociaux, transférer des fonds et des documents, et pour être en contact avec leurs populations cibles sur le terrain. Les organisations de plus grande envergure comme le Mouvement des jeunes pour le développement et l’éducation citoyenne (MOJEDEC) sont mieux équipées et peuvent organiser des réunions par WhatsApp, faire des enquêtes par KoBo Collect et utiliser Truller pour la gestion des projets. Les OSC sont des utilisateurs enthousiastes des réseaux sociaux et des organisations comme Jeunesse-enfance-migration-développement (JMED) et Femmes, actions et développement (FAD) utilisent Facebook et Twitter pour promouvoir leurs activités. Le RAIL a créé des groupes WhatsApp pour chacun de ses projets ainsi que pour tout le personnel et ses membres.

Sources : Rapport sur l’Indice de Pérennisation des Organisations de la Société Civile au Niger en 2019