Projet ECI-Niger : Des résultats opérationnels concluants en 5 ans de mise en œuvre.
Le Projet de l’Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger) a démarré ses activités à la fin de l’année 2016 et regroupe en son sein des fonctionnaires de la police du Niger, de France et d’Espagne. Il s’agit de la mise en œuvre du quatrième point de la déclaration politique du sommet de La Valette sur la migration des 11-12 novembre 2015 libellé ainsi qu’il suit « prévenir la migration irrégulière, le trafic de migrants et la traite des êtres humains et lutter contre ces phénomènes »
Il a été lancé dans les moments forts du débat sur la pression migratoire forte au Niger, un pays de transit et de destination pour les ressortissants des pays de l’Afrique subsaharienne. Au cours de leur périples, les candidats à l’immigrations irrégulières à destination de l’Europe via les pays du Maghreb courent des risques énormes notamment sur les routes clandestines du Désert du Sahara travers les circuits des passeurs, avec plusieurs cas d’abandons suivi de décès de migrants Après la découverte de cadavres de 92 migrants retrouvés dans le désert au Niger, les autorités ont précipité l’adoptions de mesures contraignante afin d’obvier le phénomène, notamment la loi N°2015-36 du 26 Mai 2015, relative à la lutte contre le trafic illicite de migrants incriminant l’aide à l’entrée, au séjour et à la sortie illégale du Niger, une transposition dans l’ordre juridique interne du deuxième protocole additionnel à la convention de Palerme déjà ratifié par le Niger.
C’est dans le but d’aboutir à l’application effective de ce textes ainsi que celles portant sur la répression des infractions connexes au Trafic illicite de migrants, que la Division des Investigations Spéciales (DIS ) a été créée au sein de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), en 2016, en prélude à la mise en place du Projet de l’Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger) a rapidement investi le terrain autour de deux (2) objectifs spécifiques : Le premier vise le renforcement des capacités opérationnelles et judiciaires des services de la police nationale nigérienne impliqués dans la lutte contre les réseaux criminels organisés liés notamment au trafic illicite de migrants, à la traite d’êtres humains et à la fraude documentaire, sans occulter l’amélioration de la gestion policière des frontières ; le deuxième objectif spécifique porte sur l’amélioration du taux d’élucidation des enquêtes liées à la lutte contre les réseaux criminels liés à la traite des êtres humains et au trafic illicite de migrants. La DIS est l’ancrage opérationnel du Projet EIC-Niger.
L’ECI-Niger et ses résultats opérationnels
Après 5 ans de mise en œuvre, le Projet ECI-Niger a obtenu des résultats impressionnants qui font de cette initiative une référence dans la sous-région en matière de coopération policière. Pour l’essentiel, ces résultats portent sur des interpellations, des arrestations des trafiquants de migrants et leurs complices, la saisie des documents contrefaits ou falsifiés, des matériels roulants et informatiques. En outre, des grands réseaux internationaux et nationaux de trafiquants ont été démantelés avec un taux optimal d’incarcération. Par ailleurs, plusieurs actions de coopération ont été menées avec des pays de la sous-région notamment le Nigéria, le Bénin et le Sénégal.
Les 5 années de lutte acharnée contre les pratiques mafieuse et attentatoire aux droits humains ont permis d’obtenir, à la date du 31 décembre 2020, l’interpellation de 475 personnes, dont 453 déférées et 439 écrouées, la saisie de 72 voitures, 45 motos de trafiquants présumés et 185 documents contrefaits ou falsifiés découverts par la (DIS) et ses Antennes territoriales en collaboration avec l’Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger).
Récemment, en début d’année 2022, la DIS avec l’appui du projet Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger) et des suites des investigations menées pendant une dizaine de jours, a interpellé une vingtaine de suspects (hommes et femmes) relativement jeunes et de différentes nationalités à Niamey et à Maradi. Cette enquête, précise-t-on, avait démarré avec l’interpellation de deux migrantes à l’Aéroport de Niamey avant de déboucher sur le démantèlement d’une importante filière de fraude documentaire et de trafic illicite des migrants. La DST estime à plusieurs centaines de véhicules qui circulent avec des documents frauduleux et le préjudice subi par l’Etat du Niger serait également estimé à des centaines de millions de francs, sans compter les préjudices sur la santé publique et les revenus du CERMES.
Les citoyens ne sont pas épargnés soit par ignorance soit par naïveté
S’agissant des dommages aux particuliers, un groupe parmi les mis en cause de l’affaire ci-dessus a été démantelé. Ce groupe se livre à des manœuvres basées sur des faux documents pour vendre des terrains autrui. Le dernier coup de ces mis en cause remonte en janvier 2022 et avait porté sur un immeuble qu’ils auraient écoulé à quarante-deux millions (42 000000) FCFA. L’enquête a révélé que ce réseau est structuré en groupes et par catégories d’activité. Ceux qui s’occupent du trafic illicite de migrants opèrent entre la Cote d’Ivoire, le Benin, le Nigeria, le Togo, le Niger et l’Europe. Du reste, ils ont pu faire passer quelques migrants irrégulièrement à travers des plateformes aéroportuaires de la sous-région, contre des sommes qui varient entre trois (3) et (5) cinq millions de FCFA. D’autres, par ailleurs confectionnent de faux documents administratifs et privés en fonction des demandes de leurs « clients ».
Une offensive coordonnée qui a porté ses fruits….
Dans le cadre de la même affaire, La DST, en présence du Procureur de la République près le TGI/HC de Niamey a présenté à la presse, nombres d’objets et de faux documents qui ont été saisis. Il s’agissait notamment : 108 cachets humides, une trousse de démontage et de remontage de documents ; des titres et documents de voyages et de séjours nigériens et étrangers; plusieurs actes de cession d’immeubles ; plusieurs chéquiers et carnets d’épargne ; des fiches de rendu du résultat du diagnostic de la Covid-19 vierges; des relevés de compte bancaire ; plusieurs pièces de mise en circulation de véhicules ; Divers matériels informatiques de dernière génération ; Des pièces d’état civil ; Des téléphones portables de marques diverses ; Quatre (4) véhicules dont un portant une fausse plaque d’immatriculation « Député National » et soixante-sept (67) numéros de fausses plaques d’immatriculation identifiés.
Au regard de tous ces résultats qui ont forcé l’admiration des plus hautes autorités nigériennes ; la population, ainsi que les parties prenantes du projet. Ils ont conféré à l’ECI-Niger une notoriété au plan national et international et ont inspiré la création d’autres projets similaires dans la sous-Région.
Le projet ECI-Niger, un modèle de coopération policière
Le projet ECI-Niger est financé par l’Union Européenne et vise à renforcer la lutte contre les réseaux criminels liés à l’immigration irrégulière et au trafic des personnes. Des officiers de la Police nationale du Niger, de l’Espagne et de la France participent à ce projet qui est coordonné par la Fondation internationale et ibéro américaine pour l’administration et les politiques publiques (FIIAPP) basée à Madrid (Espagne). Le Projet ECI-Niger soutient les antennes de la DIS de Niamey, d’Agadez, de Tahoua, Maradi et Zinder, ainsi que à Birni Konni et Arlit. La Division des Investigation Spéciales (DIS), unité spécialisée dans les enquêtes sur les faits de traite des personnes, de trafic illicite de migrants et de fraude documentaires a été créée en 2016 au sein de la Direction de la Surveillance du territoire et constitue l’ancrage opérationnel du projet ECI-Niger est appuyée par six (6) experts (03 policiers espagnols et 03 policiers français) qui travaillent avec 36 policiers nigériens.