POLITIQUE: 𝗟𝗲𝘀 𝗥𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗘́𝘃𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗖𝗵𝘂𝘁𝗲 𝗱𝘂 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗕𝗮𝘇𝗼𝘂𝗺 𝗲𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗡𝗶𝗴𝗲𝗿
La chute du Président Mohamed Bazoum a surpris de nombreux observateurs, mais plusieurs raisons évidentes peuvent expliquer cette situation. Revenons sur les principaux facteurs ayant contribué à cette chute.
1. 𝗥𝘂𝗽𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝘀𝗼𝗻 𝗣𝗮𝗿𝘁𝗶
Contrairement à son prédécesseur Issoufou Mahamadou, Mohamed Bazoum s’est détaché du programme de son parti, préférant dérouler son propre agenda. Cette décision a créé une fracture au sein de sa formation politique. En mettant de côté les avis et les conseils de ses camarades politiques, Bazoum a perdu le soutien essentiel de son parti, ce qui a fragilisé sa position.
2. 𝗨𝗻 𝗖𝗮𝗯𝗶𝗻𝗲𝘁 𝗱’𝗜𝗻𝗰𝗮𝗽𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀
L’une des erreurs majeures de Bazoum a été de s’entourer de conseillers et certains ministres qu’on pourrait qualifier d’incapables et d’incompétents. Ces derniers étaient déconnectés des réalités du parti et des exigences du pouvoir. Cette incompétence au sommet de l’État a mené à des décisions maladroites et à une gouvernance inefficace, minant la confiance des citoyens et des institutions.
3. 𝗥𝗲𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗧𝗲𝗻𝗱𝘂𝗲𝘀 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹’𝗔𝗿𝗺𝗲́𝗲
Bazoum a eu une relation particulièrement mauvaise avec l’armée, un pilier essentiel de la stabilité en toute nation. En plaçant des officiers supérieurs sous la coupe de Rhissa Ag. Boula, un ancien rebelle, il a suscité le mécontentement et la méfiance au sein des forces armées. Certains choix de Bazoum Mohamed sans doute avec les conseils de ses conseillers en sécurité Rhissa Ag Boula et Mohamed Wadjanta dit Tambola, un ancien cusinier du MJN(Mouvement Nigerien Pour la Justice), ont semé le doute au sein de l’armée et même au sein de l’élite politique nigérienne sur les capacités de Bazoum à gouverner le Niger. Redéploiement des troupes françaises chassées du Mali et du Burkina Faso sur le territoire nigérien malgré l’opposition de l’armée nigérienne, négociations avec certains leaders terroristes ainsi que la libération et financement de plusieurs d’entres eux malgré un refus catégorique de son Ministre de la Défense et de la hiérarchie militaire, recrutement de plusieurs rebelles proches de Rhissa et Mahmouth Sallah et repentis du terrorisme au sein de la garde présidentielle,… voilà entres autres raisons qui ont rendu inévitable le renversement du Président Bazoum par l’armée car il n’avait de position que celles de ses conseillers en sécurité.
4. 𝗟𝗮 𝗣𝗲𝗿𝗰𝗲𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗣𝘂𝗯𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲
Au-delà des erreurs politiques et diplomatiques, la perception publique de Bazoum a également joué un rôle crucial dans sa chute. Les citoyens nigériens, confrontés à des défis économiques et sécuritaires, attendaient des solutions concrètes. Or, les actions et les décisions de Bazoum ont souvent été perçues comme éloignées des préoccupations quotidiennes de la population. Cette déconnexion a engendré un mécontentement croissant et une perte de confiance envers son leadership. Bazoum est resté le philosophe et le syndicaliste qu’il a toujours été avec plus de discours et de diatribes que d’actions concrètes. Les nigériens étant des habitués de la dynamique des grandes réalisations de son prédécesseur Issoufou Mahamadou, se retrouvent du jour au lendemain avec un Président baveux, qui parle beaucoup plus qu’il n’agit avec quasiment un bilan néant sur deux années de gestion et le comble sans repères évidents. Il faut cependant lui reconnaître la construction de quelques classes de jeunes filles à Kélé dans le département de Gouré.
5. 𝗖𝗼𝗿𝗿𝘂𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗚𝗲𝘀𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗘́𝗰𝗼𝗻𝗼𝗺𝗶𝗾𝘂𝗲
Des allégations de corruption au sein de l’administration Bazoum ont également terni son image. La mauvaise gestion économique, marquée par des politiques inefficaces et un manque de transparence, a aggravé les difficultés économiques du pays. Le sentiment que ses proches et ceux de sa femme profitaient des ressources nationales au détriment du bien-être général a renforcé la frustration populaire. L’essentiel des contrats dans le domaine pétroliers et miniers ainsi que les BTP étaient destinés à sa famille et celle de la Première Dame Hadiza. Les Ministres n’avaient aucun droit de donner des marchés et le Ministre des Finances étaient instruit de ne procéder à aucun paiement des prestataires si l’ordre ne venait pas de la Présidence et le comble c’est que Bazoum priorisait plus ses proches et fidèles alliés dans les paiements.
6. 𝗜𝗻𝗳𝗹𝘂𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗔𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿𝘀 𝗘𝘅𝘁𝗲𝗿𝗻𝗲𝘀
L’intervention et l’influence d’acteurs externes, qu’ils soient régionaux ou internationaux, ont aussi joué un rôle dans la chute du régime de Bazoum. Des puissances étrangères comme la France et des groupes d’intérêts dont Bazoum était si proche ont conduit à sa chute. Dans un contexte régional où la France était très mal perçue, Bazoum lui a fait malheureusement le choix de défendre les intérêts de cette puissance européenne en déclin sur le plan diplomatique. Le sentiment anti-francais était une réalité qu’il refusait de voir et cette proximité avec la France n’a pas facilité les choses pour lui.
7.𝗣𝗲𝗿𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹’𝗔𝘃𝗲𝗻𝗶𝗿
Avec la chute de Bazoum, le Niger se trouve à un carrefour critique. Les défis auxquels le pays est confronté sont nombreux et complexes, mais ils offrent également des opportunités pour un renouveau politique et une refondation profonde de l’État.
8.𝗥𝗲́𝗰𝗼𝗻𝗰𝗶𝗹𝗶𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗨𝗻𝗶𝘁𝗲́ 𝗡𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲
Le premier défi pour tout nouveau leadership sera de restaurer l’unité nationale. Cela implique de réconcilier les différentes factions politiques, ethniques et sociales qui ont été divisées. Un dialogue inclusif et des initiatives de réconciliation seront essentiels pour restaurer la confiance et bâtir un consensus autour d’une vision commune pour l’avenir du Niger. Le Général Abdourahamane Tiani a cette mission divine de rassembler l’ensemble des Nigériens autour d’un projet commun et cela passera inévitablement d’abord par la libération de l’ensemble des prisonniers politiques sous l’ère de la renaissance 1,2,3, et sous la transition du CNSP. Il est essentiel que les nigériens se mettent à l’unisson pour défendre et préserver nos intérêts car les ennemis ne nous feront pas cadeau.
9.𝗥𝗲́𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗚𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝗻𝗮𝗻𝗰𝗲
Il est impératif d’entreprendre des réformes profondes de la gouvernance. Cela inclut la lutte contre la corruption, l’amélioration de la transparence et de la responsabilité des institutions publiques, et la modernisation de l’Etat.
En conclusion, la transition post-Bazoum offre une opportunité unique pour le Niger de repenser ses priorités et de s’engager sur la voie d’une transformation positive. En abordant les défis avec détermination et en mettant en œuvre des réformes inclusives et durables, le Niger peut aspirer à un avenir où la gouvernance est efficace, la société est équitable et prospère, et l’environnement est protégé. Le chemin sera long et ardu, mais avec la participation active de tous les acteurs de la société, le Niger peut surmonter les obstacles et bâtir un avenir meilleur pour tous ses citoyens.
Auteur : 𝗠.𝗔.𝗠