OPINIONS : Pas de Développement sans Sécurité
Au 21éme siècle, le sous-développement et la paix ne peuvent plus cohabiter au Sahel. En effet, si nous n’occupons pas les jeunes, d’autres vont continuer à les exploiter à leur manière. Ainsi, un plan de développement accéléré s’impose à nos pays. Pour ce faire, il nous faut une approche innovante devant impliquer plusieurs parties prenantes nationales au vu de la taille du défi. En parlant de développement, tout doit partir de la modernisation de l’agriculture.
Nous avons des espaces tentaculaires de terres agricoles et de l’eau en abondance en plus de d’une main d’œuvre disponible car notre société est à forte consonance juvénile. Malgré tous ses avantages comparatifs, le Niger importe presque tout et nous avons des importateurs qui, grâce au Niger et aux nigériens, ont des millards qui chôment car déposés en banque. J’invite les plus hautes autorités à convoquer ces importateurs pour mettre à leur disposition des milliers d’hectares notamment dans l’Irazer et tous autres sites agricoles dans toutes les régions du pays. Une sorte de partenariat public privé doit être établi sur fond d’exonération douanière pour le matériel et les intrants agricoles à importer en attendant le montage d’une usine locale de fabrication d’engrais et des unités de fabrication de matériel agricole adéquat en associant les jeunes talents et les écoles techniques.
Les services techniques de l’Etat notamment l’ONAHA et le génie rural, le génie militaire ainsi que les facultés d’agronomie de nos universités respectives et les cabinets privés doivent mettre leur savoir-faire dans la balance. Quant à la main d’œuvre, les jeunes des zones touchées par le terrorisme doivent être employés en priorité afin d’éradiquer ce fléau de complicité des populations locales avec les terroristes et les bandits armés. Il s’agit d’un plan multistratétique mis au point pour à la fois occuper les jeunes, assurer l’autosuffisance alimentaire, jeter les jalons d’une industrialisation du pays et surtout apporter une autre innovation qui consiste à réaliser une conversion de nos importateurs en exportateurs de blé, de riz, de maïs, d’oignons ainsi que d’autres cultures de rentes telles que le niébé et la gomme arabique.
Ce qui n’est pas sans conséquence sur la balance commerciale du pays. Les nouveaux exportateurs auront ainsi l’appétit pour monter des usines de transformation alimentaire afin de satisfaire le marché local et d’exporter des produits à forte valeur ajoutée dans le monde entier. Par ailleurs, l’Etat ayant diversifié ses partenaires, doit examiner avec ces derniers, la possibilité d’extraire et de raffiner plus de pétrole afin de subventionner le carburant aux grands et petits producteurs agricoles. Il doit également jouer son rôle régalien en veillant à ce que les employés puissent tirer avantage de leurs efforts afin que leurs revenus leur permette de vivre décemment et de caresser l’ambition d’être des futurs grands producteurs agricoles et des hommes d’affaires.
En plus, pour donner plus de tonus à l’initiative, nos compatriotes milliardaires et multimillionnaires de la sous-région et des autres contrées doivent être invités à joindre les rangs. Des coopératives peuvent être constituées par les nationaux et la diaspora afin de mettre la cerise sur le gâteau.
Karanta Djibrilla Bachir / Exploitant agricole.