MIGRATION : Comprendre le fonctionnement de l’Equipe Conjointe d’Investigation France- Espagne-Niger pour la lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants
De par sa position géostratégique le plaçant au confluent de trois (3) sous régions (Afrique du Nord, Afrique de l’ouest et Afrique centrale), le Niger a bénéficié d’importants investissements dans le cadre de l’accueil, l’hébergement provisoire, la prise en charge et l’aide au retour des migrants qui transitent sur son territoire. En effet, le Niger est un pays à la fois de transit pour des milliers de candidats à la migration, et dans une certaine mesure un pays de destination selon les difficultés liées au trajet migratoire. En outre, les conflits et autres crises sécuritaires qui sévissent dans la région du Sahel ont fait du Niger un pays de destination pour de nombreux réfugiés et demandeurs d’asiles et réfugiés.
En clair, l’environnement géopolitique découlant de la position géographique du Niger confère à ce pays une place stratégique en matière de migration et de sécurité. C’est dans cette optique que l’Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger) a été mise en place à la fin de l’année 2016 dans un contexte national et international marqué par une forte pression migratoire, et regroupe en son sein des fonctionnaires de la police nationale du Niger, de France et d’Espagne. L’ECI-Niger est une des réponses du Gouvernement nigérien et de ses partenaires aux défis liés à l’immigration irrégulière et autres sujets connexes. Il s’agit notamment de combattre les activités des réseaux criminels liés à l’immigration irrégulière autrement dit la traite des personnes, du trafic illicite de migrants, de la fraude documentaire ainsi que les conséquences désastreuses découlant de ces activités telles que les pertes en vies humaines dans le désert et la mer méditerranéenne.
De sa création à ce jour, le projet pilote ECI-Niger a enregistré des résultats significatifs conformément à ses objectifs. Deux (2) objectifs spécifiques lui sont assignés, le premier porte sur le renforcement des capacités opérationnelles et judiciaires des services de la police nationale nigérienne impliqués dans la lutte contre les réseaux criminels organisés liés notamment au trafic illicite de migrants, à la traite d’êtres humains et à la fraude documentaire, dans le respects des droits des migrants et le second vise l’amélioration du taux d’élucidation des enquêtes dans le cadre de la lutte contre les réseaux criminels liés à la traite des êtres humains et au trafic illicite de migrants.
La question qui se pose est de savoir comment l’ECI collabore avec la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) rattachée à la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) du Niger pour atteindre ses objectifs ?
La Division des Investigations Spéciales a été créée suivant Décret n° 2014-708/PRN/MI/SP/D/ACR du 14 novembre 2014, portant organisation de la Direction Générale de la Police Nationale et fixant les attributions de ses responsables, modifié et complété par le décret n° 2014-708/PRN/MISP/D/ACR du 14 novembre 2014 dans le cadre de la mise en œuvre effective des deux premiers protocoles additionnelles à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, dite Convention de Palerme après leurs domestication matérialisées par l’Ordonnance n° 2010-86 du 16 décembre 2010, relative à la lutte contre la traite des personnes et la Loi n° 2015-36 du 26 mai 2015, relative au trafic illicite de migrants. Elle constitue l’ancrage opérationnel de l’ECI-Niger au niveau central et déconcentré. La première et l’unique unité spécialisée dans les enquêtes en matière de Trafic illicite de migrants, de traites des personnes, de fraude documentaire au Niger, la Division des Investigations Spéciales (DIS) de la Direction de la Surveillance du Territoire est placée sous la responsabilité d’un Commissaire de Police et sous la Direction du Directeur de la Surveillance du Territoire. Elle est composée de Trois (03) antennes Inter-Régionales dont celle qui couvre Niamey, Tillabéry et Dosso, celle couvrant Agadez et Tahoua et enfin celle couvrant Zinder, Diffa et Maradi. Dans la pratique la DIS est représentée par les Services déconcentrés de la Surveillance du Territoire.
Mais le Projet ECI-Niger soutient les antennes de Niamey, d’Agadez, de Tahoua et de Zinder de façon permanente et ponctuellement les services de la Surveillance du Territoire de Konni, Arlit, Maradi et Gaya. La DIS est appuyée par six (6) experts (03 policiers français et 03 policiers espagnols, 28 policiers nigériens).
Pour rappel, le projet pilote ECI-Niger est financé par l’Union Européenne et vise à renforcer la lutte contre les réseaux criminels liés à l’immigration irrégulière, la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants. Des officiers de la Police nationale du Niger, de l’Espagne et de la France participent à ce projet qui est coordonné par la Fondation internationale et ibéro américaine pour l’administration et les politiques publiques (FIIAPP) basée à Madrid en Espagne.