L’État major de la société civile reprend service: Manifestation publique le 9 septembre 2018 prochain
Cadre de concertation et d’actions citoyennes de la Société Civile Nigérienne
Déclaration de presse
Après une large concertation interne, les organisations de la société civile nigérienne, regroupées au sein du cadre de concertation et d’actions citoyennes, plus que jamais déterminées à jouer leur rôle de défense des droits humains et des valeurs de la démocratie, font la déclaration suivante :
Considérant que les autorités en place ont exprimé clairement, et ce depuis plusieurs mois déjà, leur détermination à ne rien céder sur les revendications légitimes de la société civile et des citoyens portant principalement sur la loi de finances 2018, le respect des principes et valeurs de l’État de droit et de la démocratie ainsi que la préservation de la souveraineté nationale;
Notant le choix du régime en place de répondre aux revendications légitimes de la société civile et des citoyens d’abord par des marches et des meetings organisés à grands frais et à coup de spots publicitaires mensongers, puis par des interdictions systématiques de manifestions, des occupations des locaux des organisations de la société civile, des arrestations massives de militants et responsables associatifs et des manœuvres d’intimidation à l’endroit des médias indépendants;
Constatant que les autorités en place persistent à nier les conséquences graves des mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2018 sur les conditions de vie des ménages nigériens dont une large frange peine déjà à subvenir à ses besoins de base, particulièrement en cette période de soudure aggravée par des inondations entrainant des pertes en vies humaines, des dégâts considérables sur les habitations, le cheptel, les cultures et les infrastructures routières;
Constatant que fort du soutien de certaines institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international qui lui a inspiré les mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018, et de certaines puissances impérialistes, notamment la France et les pays membres de l’Union Européenne, qui voient en lui un partenaire idéal dans la lutte contre la migration dite irrégulière et le terrorisme, le régime en place n’a aucune intention de prendre en compte les préoccupations des citoyens, ni même de lever les entraves à l’exercice des droits et libertés consacrés par les instruments juridiques internationaux et la Constitution du 25 novembre 2010;
Conscientes non seulement de l’enjeu de survie que représentent les mesures contenues dans la loi de finances 2018 pour les populations laborieuses de notre pays, mais aussi des graves menaces pour la démocratie, la paix et la cohésion nationale qui résultent de la gouvernance actuelle marquée notamment par le refus du dialogue, l’instrumentalisation de la force publique et de la justice contre les défenseurs des droits humains, la mise à sac du pays par les barons du régime et leurs amis extérieurs, la montée de la corruption et de la culture de l’impunité;
Prenant au sérieux les velléités des autorités en place visant à instaurer au Niger un régime politique fondé sur la dictature, l’arbitraire, l’impunité, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme, le pouvoir personnel et le culte de la personnalité, toutes choses contre lesquelles le peuple nigérien souverain a réaffirmé clairement son opposition absolue, à travers le préambule de la constitution du 25 novembre 2010;
Convaincues que seule une mobilisation citoyenne massive peut arrêter les dérives en cours et obliger les autorités en place et leurs soutiens extérieurs à revenir sur les mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018, à respecter les droits civils et politiques, à prendre des mesures visant à concrétiser les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi qu’à mettre fin aux atteintes à l’intégrité, à la souveraineté et à la dignité de notre pays;
Nous, organisations de la société civile nigérienne, réunies au sein du cadre de concertation et d’actions citoyennes :
1-Réaffirmons notre ferme détermination à poursuivre les journées d’action citoyenne contre les mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018, la dérive autoritaire marquée par des violations répétées des de la Constitution et droits et libertés, la mauvaise gouvernance caractérisée par la corruption et la caporalisation de toutes les institutions indépendantes y compris la justice, et l’aliénation de la souveraineté de notre pays symbolisée par la présence massive des forces militaires extérieures d’occupation et les contrats léonins signés avec les compagnies minières et pétrolières;
2-Invitons tous les citoyens à se mobiliser partout dans le pays à l’occasion de la journée d’action citoyenne du dimanche 9 septembre 2018, en ayant à l’esprit le caractère non partisan et exclusivement citoyen de la lutte que nous menons pour obtenir du régime en place l’abrogation des mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018, l’annulation des cadeaux fiscaux faits aux compagnies minières, aux compagnies de téléphonie et aux marketteurs des hydrocarbures, la réduction du train de vie de l’État, l’annulation des dépenses de prestige inscrites au budget et l’allocation de ressources financières conséquentes aux secteurs sociaux de base (éducation, santé, agriculture, élevage), tel que préconisé par la Constitution de notre pays;
3-Exhortons tous ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, par intérêt ou par lâcheté, soutiennent le régime en place dans ses velléités autoritaires, et tous ceux qui exécutent ses ordres, même lorsqu’ils sont manifestement illégaux, à se rappeler que le refus systématique du dialogue avec les forces sociales et politiques, le piétinement des valeurs et principes de la démocratie, les violations des droits humains, la culture de l’impunité, les injustices sociales diverses, la corruption généralisée, en particulier celle affectant les institutions devant servir de recours pour les citoyens lésés dans leurs droits, ne peuvent que détruire un pays ;
4-Saluons la mobilisation constante de tous les acteurs, notamment des médias dans le cadre des actions citoyennes, et exprimons toute notre compassion et notre solidarité à l’endroit des populations laborieuses de notre pays, qui sont durement affectées par les inondations et qui endurent les conséquences désastreuses des mesures d’austérité contenues dans la loi de finances 2018;
5-Apportons notre soutien indéfectible à nos camarades de la société civile et aux jeunes étudiants et élèves injustement incarcérés dans les différentes prisons du pays, ainsi qu’aux médias indépendants lâchement harcelés et fermés par un régime qui fait pourtant des cadeaux fiscaux aux compagnies étrangères, qui aide des compagnies minières à tricher et à piller, et qui gaspille les maigres deniers publics dans des dépenses de prestige telles que la rénovation annoncée du Palais présidentiel, la construction d’infrastructures non essentielles, des interminables voyages à l’extérieur, etc.
Fait à Niamey le 16 Août 2018