KAMPALA 2019 : Le FOSCAO-Niger à la Consultation Continentale de la Jeunesse
Du 2 au 3 décembre 2019, Kampala, la capitale économique de l’Ouganda a accueilli la jeunesse africaine à l’occasion de la Consultation Continentale de la Jeunesse Edition 2019. Elle a été organisée par la plate-forme dénommée «Stratégie d’engagement de la jeunesse de l’Architecture de gouvernance africaine (AGA) ». La consultation rassemble des jeunes d’Afrique vivant en Afrique et ailleurs. Elle regroupe en son sein des jeunes réfugiés, rapatriés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, des groupes de réflexion, des instituts de recherche universitaires, des organisations internationales, des professionnels des médias. Notre pays a été représenté à cette rencontre d’envergure internationale par le Forum de la Société Civile d’Afrique de l’Ouest (FOSCAO-Niger). Le thème central a porté sur : « Les jeunes et les déplacements forcés en Afrique : Tendances, défis et perspectives vers des solutions durables ».
La cérémonie d’ouverture de ce grand rendez-vous de la jeunesse africaine a été présidée par le Premier Ministre Ougandais, M. Ruhakana Rugunda. L’année 2019 coïncide avec le 50ème anniversaire de l’adoption de la Convention de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) sur les réfugiés et le 10ème anniversaire de la Convention de Kampala.
La Consultation Continentale de la Jeunesse, rappelle-t-on, a pour objectif global d’offrir un espace collaboratif, ouvert et inclusif en vue de favoriser une participation significative des jeunes aux délibérations politiques visant à trouver des solutions durables au déplacement forcé en Afrique. En effet, la population actuelle de jeunes en Afrique est la plus importante qu’elle n’ait jamais été avec environ 65 % de la population totale. La majorité des jeunes déplacés le sont en raison notamment des conflits armés, des violations généralisées des droits de l’homme et des catastrophes naturelles. Dans plusieurs de ces situations, les jeunes sont perçus comme une menace pour la stabilité, mais aussi comme des victimes. Aussi, ils sont animés d’un sentiment d’exclusion, privés de possibilités d’éducation, de moyens d’existence et d’engagement civique d’où la perte d’autonomie des jeunes déplacés. A l’évidence, cela n’est pas de nature à assurer les besoins de protection et d’assistance des jeunes en période de déplacement.
Par conséquent, les déplacements qui prennent des proportions de plus inquiétantes tant en Afrique que dans le reste du monde, forcent les jeunes à assumer de nouveaux rôles et de nouvelles responsabilités pour subvenir à leurs besoins fondamentaux et à ceux de leur famille tout en exposant leur vie au danger. Dans cette situation, le cas particulier des jeunes femmes est plus critique car elles sont encore plus exposées à des stratégies d’adaptations néfastes comme les rapports sexuels de survie ou le mariage précoce.
Les jeunes déplacés porteurs de solutions durables
Malgré leurs conditions de vie peu reluisantes, les jeunes déplacés font souvent preuve de résilience et font preuve d’une impressionnante capacité d’action et d’adaptation. Ils s’organisent, forment des groupes, offrent un soutien de pair à pair et un soutien communautaire plus large. Les jeunes déplacés forcés s’entraident en période de problèmes de sécurité accrus. Ils ont continué à faire preuve de zèle pour trouver des solutions novatrices et locales, ils ont prouvé que les personnes déplacées peuvent également participer à la formulation des solutions durables aux déplacements forcés en Afrique. Dans la même optique, l’Union africaine (UA), par décision de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement a déclaré 2019 : « Année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées : vers un développement durable, solutions au déplacement forcé en Afrique ». L’UA s’est donc engagée à faire accélérer la réponse humanitaire de l’Afrique en mettant un accent particulier sur la lutte contre les causes profondes des déplacements et la recherche de solutions durables aux déplacements forcés sur le continent en engageant divers segments de la société africaine.
Déroulement des travaux
Deux (2) jours durant, les participants à la Consultation Continentale de la Jeunesse ont planché sur différents thèmes : Déplacement forcé en Afrique : le dilemme d’être jeune et déplacé ; Réflexions sur les cadres normatifs et institutionnels relatif aux jeunes et aux déplacements forcés ; Déplacements provoqués par des conflits : comprendre les motifs de la fuite ; Approche du déplacement forcé fondée sur les droits de l’homme : protéger les droits des jeunes ; Comprendre le concept de violence sexuelle basée sur le genre et son impact sur les personnes déplacées ; Causes profondes de la migration irrégulière et défis de l’aide au retour volontaire assisté et de la réintégration ; Améliorer l’obtention de solutions durables aux déplacements forcés en Afrique : le rôle des jeunes.
Des histoires émouvantes pour changer le visage de l’Afrique
En marge de ces assises, des jeunes directement concernés par les déplacements forcés ont partagé avec le public leurs expériences de vie. Ce sont, entre autres, le cas de Deraso Dokhole du Kenya pour son histoire intitulée « Une journée en tant que réfugiée » qui évoque les différentes sortes de difficultés que rencontrent les réfugiés selon qu’ils soient nouveaux ou anciens. Il y a aussi l’histoire triste et inspirante de Fatou Jagne, une pharmacienne de formation de Gambie vendue par son amie proche sans le savoir puis victime de trafic au Koweït. Ayant réussi à s’échapper, Fatou Jagne dirige actuellement « le Réseau des filles contre Traite des êtres humains » pour aider à sauver les jeunes Africains qui essaient de migrer dans l’ignorance de qui les attend. Ensuite, le plus a suivi la poésie chargé d’émotions présentée par Maryam Bukar Hassan du Nigéria. Elle raconte comment elle et sa famille ont pu échapper aux persécutions de Boko Haram avant de se réfugier dans un autre pays.
« Faire taire le pistolet »
Selon les organisateurs, la Consultation Continentale de la Jeunesse a clos ses travaux sur une note de satisfaction générale. La cérémonie de clôture a enregistré la présence de M. Salah Hammad, Chef par intérim du secrétariat de l’Architecture de la Gouvernance Africaine, des représentants du HCR, du Ministère de la Jeunesse et des Sports de l’Ouganda et du Directeur des Affaires Politiques. Chacun en ce qui le concerne a réaffirmé la disponibilité de son institution à encourager l’implication des jeunes dans le processus de prise des décisions qui les concernent.
Le rendez-vous est pris pour 2020 autour du thème : « Faire taire le pistolet ». Il s’agit d’un engagement de l’Union africaine qui vise à freiner la migration en mettant fin à la menace de violence en Afrique qui affecte les conditions socio-économiques des États membres.
Samira Marichatou