JUSTICE : Plaidoyer pour la libération du Général Salou Souleymane


 

J’écris ces lignes aujourd’hui pour plaider la cause du général Salou Souleymane, qui fut mon co-détenu à la Maison d’Arrêt de Niamey, un homme qui a dévoué sa vie au service de notre pays. Ancien inspecteur général des Armées, le général Souleymane a été condamné à 15 ans de prison pour une prétendue tentative de coup d’État sous l’ancien président Mahamadou Issoufou. Aujourd’hui, à 70 ans, après avoir passé neuf (9) années derrière les barreaux, il est un vieillard, affaibli par les affres du temps et des conditions de détention.

Permettez-moi de rappeler les faits : la condamnation de Salou Souleymane repose sur des accusations aux contours flous. Les preuves de son implication dans une tentative de coup d’État sont pour le moins discutables et les témoignages recueillis manquent de consistance. En droit, nous savons que le doute doit toujours bénéficier à l’accusé. Ici, le doute plane, épais et persistant, sur la culpabilité de cet homme.

Victor Hugo a dit : « L’enfer, c’est de ne plus aimer. » Mais pour un prisonnier, l’enfer, c’est aussi de ne plus espérer. Il n’y a pas d’honneur à condamner au désespoir un vieillard de 70 ans, qui n’a jamais cessé de clamer son innocence, dans une prison où il meurt lentement, privé de la chaleur et du soutien de sa famille.

La justice n’est pas une vengeance. Elle est la manifestation de notre humanité et de notre capacité à faire preuve de magnanimité. Gandhi nous enseignait que « l’œil pour œil rendra le monde aveugle ». Maintenir le général Souleymane en détention, alors qu’il a déjà purgé neuf (9) ans pour des faits jamais clairement établis, serait un acte de cruauté, non de justice.

Nous devons, en tant que nation, montrer que nous sommes capables de pardon et de clémence, surtout envers ceux dont la culpabilité n’est pas prouvée au-delà de tout doute raisonnable. Le général Souleymane mérite de finir ses jours entouré de ses proches, en paix. Neuf (9) années de sa vie ont déjà été perdues, il est temps de rendre à cet homme sa liberté.

J’appelle les plus hautes autorités du pays à faire preuve de sagesse et de compassion en libérant le général Salou Souleymane afin qu’il puisse retrouver les siens et vivre le reste de ses jours dans la dignité et le respect.

En le libérant, vous envoyez un message fort : celui de votre engagement envers la justice, l’humanité et la compassion. Vous montrez que vous êtes capables de réconciliation, de pardon, et que vous ne craignez pas d’admettre nos erreurs pour le bien commun.

Soumana Idrissa Maïga