JUSTICE : Les magistrats reviennent à la charge…


Le torchon brûle entre M. Marou Amadou, Ministre de la Justice et le Bureau Exécutif National du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN). En effet, le SAMAN est revenu à la charge pour répondre ‘’aux propos déplacés et discourtois’’ du Ministre de la Justice tenus le 7 septembre par voie de presse à l’endroit des magistrats. Pour rappel, M. Marou Amadou a dans sa sortie médiatique qualifié la déclaration du SAMAN du 6 Septembre dernier de ‘’mensongère’’, ‘’d’infondée’’ et ‘’d’incongrue’’ .  Le Ministre s’est aventuré à défier le SAMAN de lui fournir des précisions sur des cas de refus de l’Exécutif d’obtempérer à une décision de justice. C’est donc à cet exercice que s’est livré le SAMAN cet après-midi en levant le voile sur les faits auxquels il faisait allusion dans sa déclaration du 6 Septembre 2018.  Déclaration dans laquelle le syndicat des magistrats a dénoncé, entre autres, des scandales judiciaires survenus à Niamey, Maradi, Zinder et Agadez.

Auparavant, M. Nouhou Aboubacar, Secrétaire général du SAMAN, a fait remarquer que dans ce bras de fer, le ministre de la justice n’a fait que jouer maladroitement un rôle fusil sur la tempe.  »Pour cette raison nous ne lui tenons pas rigueur’’ a-t-il ajouté.

Pour relever le défi à lui lancé par le Ministre de tutelle de lui fournir des cas de refus du pouvoir exécutif d’obtempérer à une décision de justice régulièrement notifiée, le SAMAN est revenu plus en détails :

A Niamey :

Le SAMAN a mentionné le cas de la fermeture du Groupe de Presse LABARI où l’État du Niger représenté par son avocat, a fait garder cet organe de presse inaccessible près de 72 heures en dépit de la décision de justice du 28 Mars 2018 ordonnant sa réouverture.

A Maradi :

Le Ministre de la Justice a fait mention ‘’de coïncidence d’évènements’’ entre une marche de la société civile et l’arrivée d’une délégation du Nigeria voisin. L’excuse est trop facile pour le SAMAN en ce sens que l’arrivée d’une délégation étrangère ne saurait être brandie comme argument par une autorité qui se respecte pour refuser d’obtempérer à une décision de Justice. Encore que de manière consensuelle et au besoin, l’État et les requérants peuvent revoir l’itinéraire de la manifestation mais non refuser de plier à une décision de Justice. Sur cet exemple concret, la marche n’ayant pas eu lieu, il s’agissait selon le SAMAN d’un cas flagrant de refus d’obtempérer à une décision de Justice. Comme quoi, ici également le ministre est visiblement allé vite en besogne.

A Zinder

Lors de son show médiatique, le ministre Marou Amadou a survolé le sujet de fond pour divertir  l’opinion publique sur une manifestation interdite qui s’est finalement tenue après quelques péripéties judiciaires alors que le SAMAN, lui, faisait allusion au cas d’une ordonnance de mise en liberté conforme rendue par le Juge d’instruction et qui remettait en liberté trois (3) personnes. Malheureusement, le Gouverneur de Zinder, au moment des faits, a fait reprendre les trois (3) personnes en question avant de les faire déporter à Niamey. La Commission Nationales des Droits de l’Homme en sait quelque chose dit le BEN SAMAN.

A Agadez :

Il s’agit du cas de cantonnement des acteurs de la société civile. A ce propos, le Tribunal de Grande instance d’Agadez saisi par la société civile a statué en référé sur le fait que « la décision de cantonnement » de ces acteurs est constitutive de voie de fait », et donc par conséquent illégale. Pourtant, ils étaient confinés dans un hôtel à Agadez depuis un mercredi et ce, en dépit de la décision du juge du Tribunal de Grande instance d’Agadez de lever la décision de cantonnement. Il a fallu le vendredi suivant c’est-à-dire le 31 Aout 2018 pour que les concernés soient libres de leur mouvement avant d’embarquer de l’Aéroport d’Agadez pour Maradi .

Or le ministre a soutenu que les concernés avaient quitté l’aéroport d’Agadez avant la décision du Juge toutes choses qui laissent le SAMAN ironiser que leur cantonnement avait donc pris fin. Sauf que curieusement, au moment des faits, poursuit le SAMAN, le vendredi 31 Aout 2018, la CNDH a même fait une déclaration publique attirant l’attention des autorités sur le respect des décisions de Justice. C’est sans compter les réactions du Médiateur de la République et du Ministre de l’Intérieur par Intérim sur ce scandale judiciaire à Agadez.

Au regard de ces explications fournies par les magistrats, le Ministre Marou Amadou en tirera-t-il les conséquences ou sortira-t-il à nouveau avec de nouveaux arguments ?

niameysoir.com