Islam : la dernière décade du mois de Ramadan
Nous sommes déjà dans la dernière partie du mois béni de ramadan, comme si ce n’était pas ce mois qu’on annonçait il y a peu de temps. L’écoulement rapide du temps nous interpelle profondément. Le temps passe vite et nous apprend des choses. Le temps passe et la durée de notre vie sur terre diminue à la même allure. Le temps de notre vie s’épuise et nous allons vers la fin des temps. La fin du monde sans doute s’annonce. Quand l’année tire à sa fin comme un mois, le mois comme une semaine, la semaine comme une journée, la journée comme une heure, il y a de quoi s’interroger sur sa foi et ses actes. Tout croyant doit méditer sur cela. Nos vies s’en vont rapidement, qu’est-ce que nous en faisons ? Comment avons-nous profité de notre temps ?
D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), notre prophète (paix et salut d’Allah sur lui) a dit : « L’âge de ma communauté se situe entre soixante et soixante-dix ans, il n’y a que peu d’entre eux qui dépassent cela. (En général, la durée de vie des gens de notre époque se situe entre soixante et soixante-dix ans.)». (Hadith rapporté par Tirmidhi).
Pour cela, il faut se concentrer pour bien utiliser son temps : faire un planning pour la spiritualité, pas seulement durant ramadan mais durant toute notre vie ; veiller au respect de ce qu’on se fixe comme objectif pour le culte et ne pas céder à son âme. Nous sommes témoins que nous vivons une époque particulièrement bouleversée, pleine de futilités et de fitna (tentations). Alors un combat de survie spirituelle s’impose à tous. Se réformer et influencer positivement autour de soi est une responsabilité et une mission pour le musulman.
Il doit ainsi s’accrocher avec détermination et persévérance à l’emploi de son temps en évitant les pièges de la distraction et des divertissements. Sommes-nous indemnes déjà des aléas des réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp ) par exemple ?
Laylatul Qadr (la nuit du destin)
D’après Bahz Ibn Hakim, d’après son père, d’après son grand-père (qu’Allah les agrée tous), le prophète (prière d’Allah et Son salut sur lui) a dit : « Le jour du jugement nous compléterons soixante-dix communautés (qui ont vécu avant nous), nous sommes la dernière et la meilleure des communautés. » (Hadith authentifié par cheikh Albani dans sa correction de Sounan Ibn Majah).
Dans cette dernière étape de ramadan, le croyant fait des efforts pour atteindre les bienfaits et profiter des mérites de laylatul Qadr. C’est en cette nuit qu’Allah établit notre destin. Elle comporte beaucoup de bienfaits que le croyant doit implorer et demander à son Créateur et Maitre.
« La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois. Durant celle-ci descendent les anges ainsi que l’Esprit, par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut jusqu’à l’apparition de l’aube. » (Sourate Al-Qadr, versets 3 à 5).
D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), le prophète (prière d’Allah et Son salut sur lui) a dit : « Celui qui prie la nuit du destin avec foi et en espérant la récompense, ses péchés antérieurs sont pardonnés et celui qui jeûne le ramadan avec foi et en espérant la récompense, ses péchés sont pardonnés. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).
Allah dans sa sagesse et sa largesse a fait de la communauté de Muhammad (paix et salut sur lui), la dernière et la meilleure des nations. Il nous a gratifié des faveurs immenses de laylatul Qadr, par l’accomplissement de toutes sortes de bien : la prière, la lecture du coran, le dhikr, l’aumône, la bienfaisance envers les proches, les déshérités, les orphelins, les prisonniers, bref tout acte par lequel on espère une récompense auprès d’Allah le Miséricordieux.
Durant cette dernière décade est prescrite aussi la retraite spirituelle (itikaf) consistant à quitter de chez soi pour passer le restant des jours de ramadan dans une mosquée. Un recueillement pour le croyant afin d’approfondir la méditation et s’adonner exclusivement à l’adoration. La foi a besoin d’être fortifiée de temps en temps. Loin de la famille et des occupations de la vie, on multiplie les prières, la lecture du coran, le dhikr. Les dix (10) derniers jours du mois est une aubaine spirituelle pour tout croyant. Il se détache de ce monde matériel pour s’élever vers le monde céleste et spirituel.
D’après ‘Aicha (qu’Allah l’agrée) : « Le Prophète (prière d’Allah et Son salut sur lui) faisait l’itikaf durant les dix (10) derniers jours de ramadan jusqu’à ce qu’il eut rejoint son Seigneur, puis ses épouses ont fait l’itikaf après lui. » (Hadith authentifié par Boukhari et Mouslim).
Zakatul fitr (aumône de la rupture du jeûne)
Boukhari et Mouslim rapportent d’après Abdallah Ibn Omar (qu’Allah les agrée) que : « Le prophète (prière d’Allah et Son salut sur lui) a imposé l’aumône de la rupture du jeûne un « sa » de dattes, ou un « sa » d’orge pour le serviteur et l’homme libre, pour les hommes et les femmes, pour les vieux et les jeunes parmi les musulmans. Et il a ordonné qu’elle soit donnée avant la sortie des gens pour la prière (idul fitr). » Le sa’ étant une unité de mesure équivalant à 4 « moud » (quantité que l’on peut mettre dans les deux mains lorsqu’elles sont rassemblées).
La zakatul fitr est recommandée pour purifier le jeûne des fautes commises par le fidèle. Au demeurant, c’est un acte de solidarité et de générosité sociale. Le jour de la fête marquant la fin du mois béni de ramadan est une occasion de joie dans la reconnaissance des bienfaits dAllah. On n’oublie pas alors les déshérités.
« Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! » (Sourate Al-Baqara, verset 185).
Le mois de ramadan s’en va mais l’adoration continue
En Islam, il ne s’agît pas d’être fidèle à l’adoration de Dieu un temps et se reposer un autre. L’obéissance se fait avec sincérité, conformité et régularité. Ramadan n’est qu’une période où les actes sont magnifiés et les récompenses amplifiées ; le dévouement à Allah dans les actes et paroles continue alors sans relâche jusqu’à notre dernier souffle. Et tout acte sera sanctionné en bien ou en mal le jour de la reddition des comptes.
« Et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te vienne la certitude (la mort). » (Sourate Al-Hijr, verset 99).
Ishaq Chitou