ÉLECTIONS 2021 : « Il y a bien des problèmes par rapport au processus électoral » dixit  Salissou Saadou


Réagissant à une publication de Elhadji Idi Abdou (NDLR : Acteur de la société civile) qui soutenait l’idée que pour aller sereinement vers des élections apaisées les acteurs doivent transcender les clivages politiques pour trouver un consensus autour de certaines questions, un compatriote avait affirmé qu’il n’y a aucun problème et que les politiciens n’ont qu’à aller sur le terrain pour convaincre les militants.

Je pense qu’aujourd’hui tout observateur impartial reconnaîtra que notre situation politique est assez préoccupante. Je m’en vais de mon impartialité relative m’y prononcer.

Cette situation reflète bien de sérieux problèmes. Les déclarations des partis et groupements de partis ainsi que les autres acteurs avertis, sont nécessaires pour édifier les citoyens sur des réalités glauques que les hommes politiques cachent.

Aller sur le terrain est incontournable pour tout celui qui veut conquérir les suffrages et la confiance du peuple (je m’interdis de parler de conquête du pouvoir). Aussi cela fait des décennies que les gens sillonnent le Niger profond. Mais pour quel résultat ? Quels espoirs ce peuple n’a-t-il pas placés sur les partis alliés qui dirigent encore notre pays? Et pourtant : en 10 ans : 9 fois dernier en IDH. Notre pays est-il dans le néant ou sur la planète terre? Que font nos dirigeants du pouvoir conquis ou plutôt acquis ?

A y voir de plus près, l’on cerne les tristes réalités : mensonges politiques, pouvoirisme, culte des personnalités, corruption matérielle, morale et financière, népotisme, culture de la médiocrité, refus et rejets des critiques, concussions… Qui ignore ces turpitudes et stupidités qui gangrènent ce pays ?

Il y’a véritablement urgence à sauver ce qui peut l’être. Entre autres voies, transcender les clivages politiques pour ensemble d’abord trouver les formules qui permettront de rasséréner l’atmosphère. Après ces « conciliabules » tous les « étalons » peuvent se lancer dans la course. Il n’est pas tard ; il faut agir sur notre dispositif juridico-politique pour désamorcer cette bombe.

Il y’a eu dans ce pays des régimes d’exception dont les animateurs n’ont pas eu à faire le tour du Niger pour porter quelque message politique a priori. Ils ont été hissés sur la scène au gré des circonstances. Les nigériens les ont découverts spontanément. Certains parmi eux ont réussi à garder le peuple soudé autour d’ideaux sinon nationaux tout au moins patriotiques.
La démocratie est-elle devenue synonyme de chienlit chez nous au point d’être moins productrice de cohésion sociale que des régimes d’exception ?

Acteur politique aujourd’hui je suis convaincu que ces élections si l’on ne privilégie pas un dialogue sincère, inclusif, entre classe politique, société civile et autres acteurs et modérateurs, risquent d’être les pires que le Niger aura organisées. Qui ne sait pas qu’en dehors des élections de 1993, toutes celles qui ont suivi ont évolué de mal en très mauvaises ? Ne touchons pas le PIRE. Et les prémices sont là : rabaissement de la dignité de notre peuple réduit à la misère et l’ignorance à travers l’utilisation à outrance du pouvoir corrupteur de l’argent. L’achat des consciences dans les salons feutrés et sur le terrain. Tous ces dirigeants actuellement en « pre-campagne » ne font que la parade en injectant que de l’argent dont l’origine ne fait l’ombre d’aucun doute pour certains ou suscitant de grosses interrogations pour d’autres.

Le paradoxe est effarant : le pays le plus pauvre de la planète dont des dirigeants sont plus riches que ceux de certains pays développés. Pourtant leurs seules activités sont…politiques. Trouvons l’erreur !

Trop de choses à dire sur ce chapitre. Naturellement personne ne détient la vérité absolue. Mais tout s’explique !

Salissou Saadou