ÉCONOMIE : L’Afrique pourrait voir son revenu augmenter de 450 milliards de dollars grâce à l’accord de libre-échange continental


COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° : 2021/013/EFI

WASHINGTON, 27 juillet 2020 — Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une véritable occasion de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans cette région. En effet, s’il est pleinement mis en œuvre, cet accord commercial pourrait accroître le revenu régional de 7 % — soit 450 milliards de dollars —, accélérer l’augmentation de la rémunération des femmes et sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035.

Le rapport indique en outre que l’obtention de tels résultats sera particulièrement importante au regard des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 (coronavirus) qui devrait entraîner jusqu’à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique en 2020. La pandémie a déjà provoqué des perturbations majeures dans les échanges commerciaux sur le continent, notamment pour des biens essentiels tels que les fournitures médicales et les denrées alimentaires.

Les mesures de réduction des freins bureaucratiques et de simplification des procédures douanières au sein de la ZLECAf devraient être à l’origine de la plus grande part de la hausse des revenus. La libéralisation des tarifs douaniers, de même que la réduction des barrières non tarifaires comme les quotas et les règles d’origine, permettrait d’augmenter les revenus de 2,4 %, soit environ 153 milliards de dollars. Les 292 milliards de dollars restants proviendraient de mesures de facilitation du commerce qui limitent les formalités administratives, abaissent les coûts de mise en conformité pour les sociétés commerciales et facilitent l’intégration des entreprises africaines dans les chaînes logistiques mondiales.

La mise en œuvre réussie de la ZLECAf contribuerait à amortir les effets négatifs du coronavirus sur la croissance économique, en soutenant le commerce régional et les chaînes de valeur grâce à la réduction du coût des échanges. À plus long terme, l’accord continental ouvrirait aux pays africains des possibilités d’intégration et de réformes favorables à la croissance. En remplaçant la mosaïque d’accords régionaux, en rationalisant les procédures aux frontières et en donnant la priorité aux réformes commerciales, la ZLECAf pourrait aider les pays africains à renforcer leur résilience face à de futurs chocs économiques.

« La Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains, souligne Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. Elle devrait permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs. Néanmoins, la réussite de sa mise en œuvre sera primordiale et il conviendra notamment de suivre attentivement ses effets sur tous les travailleurs — femmes et hommes, qualifiés et non qualifiés — dans tous les pays et secteurs afin de garantir que l’accord porte pleinement ses fruits. »

Le rapport précise également que la ZLECAf pourrait permettre de réorganiser les marchés et les économies de la région, entraînant la création de nouvelles industries et l’expansion de secteurs clés. Les gains économiques d’ensemble seraient variables, les plus importants bénéficiant aux pays qui supportent actuellement des coûts d’échanges élevés. Ainsi, la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe, où les coûts commerciaux sont parmi les plus lourds de la région, enregistreraient les résultats les plus favorables avec une augmentation de 14 % des revenus dans chaque pays. La ZLECAf stimulerait également de manière significative le commerce africain, en particulier les échanges intrarégionaux dans le secteur manufacturier. Les exportations intracontinentales augmenteraient de 81 %, tandis que la progression vers les pays non africains serait de 19 %.

La mise en œuvre de l’accord entraînerait également des hausses de salaire plus importantes pour les femmes que pour les hommes d’ici à 2035, avec des augmentations respectives de 10,5 % et de 9,9 %. Elle permettrait également d’augmenter de 10,3 % le salaire des travailleurs non qualifiés et de 9,8 % ceux des travailleurs qualifiés.

La publication de ce rapport a pour but d’aider les pays africains à mettre en œuvre des politiques susceptibles de maximiser les bénéfices potentiels de l’accord tout en minimisant les risques. La création d’un marché à l’échelle du continent exigera une action volontariste pour réduire tous les coûts commerciaux. Il faudra pour cela adopter des législations permettant aux marchandises, aux capitaux et aux informations de circuler librement et facilement à travers les frontières. Les pays qui y parviendront pourront attirer les investissements étrangers et stimuler la concurrence, facteurs d’augmentation de la productivité et de l’innovation des entreprises nationales. Enfin, les gouvernements devront aussi préparer leur main-d’œuvre à tirer parti des nouvelles opportunités grâce à de nouvelles réformes destinées à réduire les coûts liés aux réorientations professionnelles.

COVID-19 : l’action du Groupe de la Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale, l’une des principales sources de financements et de connaissances pour les économies en développement, prend des mesures rapides et de grande envergure en vue d’aider ces pays à renforcer leur action contre la pandémie. Nous nous attachons à appuyer les interventions de santé publique et à garantir la circulation de fournitures médicales de première nécessité tout en soutenant le secteur privé pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités et maintenir les emplois. Nous prévoyons d’apporter jusqu’à 160 milliards de dollars de financements sur une période de 15 mois, afin d’aider plus de 100 pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie. Ce montant comprend 50 milliards de dollars sous forme de nouveaux dons et crédits hautement concessionnels fournis par l’IDA.

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