CRISE UNIVERSITAIRE : Sur la poursuite de la grève du SNECS
Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre le noble combat. Nonobstant l’intoxication savamment orchestrée d’une certaine opinion exprès conditionnée pour nous traiter de tous les noms d’oiseau, la lutte continue. Et nous ne faillirons pas à ce devoir, quel que puisse être le prix à payer, qu’on nous comprenne bien.
Au 21ème siècle, croire que c’est par des mesures cavalières et non par une approche participative et inclusive qu’il faut procéder pour prétendument réformer l’enseignement supérieur, montre qu’on est à mille lieues d’une solution viable et fiable. Après 19 ans passés comme enseignant-chercheur, je suis en mesure de dire que je ne connais pas un seul de mes collègues qui soit opposé aux réformes. Mais réformer quoi, comment et pourquoi ?
Et on ne peut pas intimider des enseignants-chercheurs ou les réduire au silence par des ponctions sur les salaires, ou même par le renvoi de l’université comme le galvaudent certains thuriféraires mal inspirés. C’est une voie sans issue. Ceux qui pensent que là réside la solution peuvent toujours rêver. Nous sommes prêts à assumer les conséquences car, de façon générale, la science est une affaire de combat et ne fait pas bon ménage avec le renoncement, avec la résignation. C’est du reste cette vie de combat que nous avons volontairement choisie en optant pour la science universelle.
Mieux que quiconque, nous savons que nous ne sommes pas indispensables, loin s’en faut : si on n’a pas besoin de nous chez nous, on a sans doute besoin de nous hors de chez nous, et nous jeter en pâture à une opinion savamment intoxiquée n’enlève rien à la justesse du combat pour plus de moyens au service d’universités publiques autonomes.
L’autonomie n’est pas l’indépendance, nous le savons bien ; quel que soit le degré d’autonomie, l’État dispose de tous les moyens légaux, non seulement pour définir la politique nationale d’enseignement supérieur et de recherche que les universités sont tenues d’appliquer, pour contrôler la gestion administrative, financière et académique, mais aussi pour sanctionner tous les responsables universitaires qui se rendent coupables de fautes. J’adhère parfaitement à cette vision !
À l’évidence, la remise en cause de l’autonomie ne peut être une panacée, une sorte de remède miracle qui permettrait de venir à bout des problèmes de l’enseignement supérieur, problèmes qui sont avant tout dus à une insuffisance criarde de moyens. Là, le bât blesse vraiment et nous ne pouvons tenir aucune comparaison avec les institutions universitaires de la sous-région (nous savons bien de quoi nous parlons).
Avant qu’on ne perde encore plus de temps, il vaut mieux convaincre (ce qui est facile) les enseignants-chercheurs que de chercher désespérément à les vaincre. Il y a dès lors lieu de rectifier le tir, de revenir à la raison et de privilégier le dialogue constructif, comme celui qui a été mené depuis septembre 2018 sous l’égide de la CNDH et qui avait abouti à des compromis historiques, compromis qu’au dernier moment le gouvernement a cru bon de rejeter suite à une incompréhensible volte-face dont lui seul connaît les raisons.
Mounkaïla Abdo Laouali Serki
Enseignant à l’Universisté Abdou Moumouni de Niamey
Professeur titulaire de Philosophie (CAMES)
Membre du Conseil municipal de la Commune de Wacha