COVID-19 : 25 Questions pour « sonder » le Coronavirus au Niger


Face au Coronavirus, la riposte s’intensifie au Niger. Un dispositif est en place et gère « avec les moyens de bord » les cas qui s’élèvent, au fil des jours. Sur la toile, plusieurs internautes « ergotent » sur le mode de gestion de cette épidémie inouïe, la communication officielle autour du coronavirus ainsi que les mesures édictées par le Chef de l’Etat sont en cours pour contrer la maladie et aussi accompagner les populations à bâtir leur résilience.

Il y a sûrement beaucoup à dire à la fois sur la riposte et sur les mesures d’accompagnement édictées par le Gouvernement face à l’épidémie. Trop même à dire tant on peut estimer que du chemin reste à parcourir. Mais c’est peut-être un sujet de discussions sous variables dimensions. Tel n’est pas « notre » sujet ici….

On s’interroge utilement sur le rôle des médias nationaux dans la gestion de cette crise. Peut-être, pour la plupart, les journalistes locaux se « confinent » dans l’information officielle, dégarnissant souvent le public d’analyses, de commentaires et même de la « pure » information vis-à-vis de l’épidémie. Pourtant, la « communication médiatique » devra s’intensifier autour de la riposte pour aider justement à en « soigner » les failles.

C’est le moment opportun aux journalistes de faire du…journalisme. C’est surtout le moment pour les médias, sans verser ni dans le bashing ni dans la propagande, de faire preuve d’un surcroît de professionnalisme, de sagacité et même …d’altruisme. De jouer un rôle éducatif, essentiel, en cette ère d’épidémie pour laquelle il n’y a pour l’instant aucun remède préventif, en dehors du « rituel » des gestes de protection ordonnées par les professionnels de la santé publique.

C’est le temps, dans un pays comme le Niger où peu de citoyens-es sont instruits-es de faire accéder à ces derniers à des messages vérifiés et tendant à soutenir leur « résilience » face à un phénomène qui a contrarié, le temps d’une épidémie, les « plus forts » systèmes de santé de la planète : Europe, Chine, Inde, Etats Unis etc.

Il est venu donc le temps pour les médias et les journalistes nigériens de s’accrocher aux principes élémentaires de leur job, en s’offrant les « meilleures » questions qui aident à la création de connaissances, à la génération de l’information. C’est donc le temps des grosses interrogations, des débats utiles pour créer des histoires intéressantes autour du Coronavirus.

 De la prise en charge des patients…….

  1. Combien de cas sont-ils confirmés au Niger ?
  2. Quel est le protocole de soins adoptés sur les malades ?
  3. Tous les sujets sont-ils traités sur place ? Si Oui où ? Si non pourquoi ?
  4. Où sont isolés les cas suspects ?
  5. Où sont confinés les cas d’alerte ?
  6. Est-ce que les personnes revenues de voyage dans des zones à risques suivent-elles leur auto-isolement ?
  7. Quelle est la capacité de vérifier l’application effective des règles d’auto-isolement ?
  8. Existe-t-il un dispositif de prise en charge de cas de Coronavirus ou des cas d’alerte ou suspects au niveau régional ?
  9. Les centres de santé dans les régions ou communes peuvent-ils faire une mise en observation ou même fournir un traitement ?
  10. Combien de lits sont-ils disponibles pour les patients ?
  11. Combien de lits de réanimation existent-ils pour faire face à l’épidémie ?
  12. Existe-t-il les équipements en quantité et qualité suffisantes pour les personnels médicaux ?

A propos des test….

  1. Où fait-on le test ? Pourquoi ?
  2. Quelle est la durée pour avoir le résultat d’un test ?
  3. Quelle est la capacité du ou des centres de tests ?
  4. Combien de personnes peut-on tester par jour ?
  5. Existe-t-il des produits réactifs pour les tests ?
  6. Jusqu’à quand ?
  7. Quel est le nombre et le profil des ressources humaines disponibles dans la chaine de gestion de l’épidémie ?
  8. Combien de personnes sont-elles en confinement ?
  9. Pourquoi le sont-elles ?
  10. Recevront-elles toutes des tests avant de sortir de leur confinement ?

De la gestion de l’épidémie dans les camps de réfugiés et déplacés…

  1. Existe-t-il un dispositif particulier de prise en charge d’éventuels cas de coronavirus au sein de la population des réfugiés ou des déplacés ?
  2. Existe-t-il une coordination entre Gouvernement et humanitaires pour prendre en charge les autres défis (déplacés, réfugiés, insécurité alimentaire) et le Coronavirus ?
  3. Quid de l’accès physique aux populations pour les humanitaires dans le cadre de l’assistance?,

De la communication face à la crise….

Je ne m’appesantirai pas sur la question de savoir s’il existe ou pas de plan de communication face au coronavirus ? Evidemment qu’il en existe et surement que c’est en …mise en œuvre. Je ne m’attarderai pas non plus sur la façon dont les médias « communiquent » l’épidémie au Niger. Je sais qu’il y’en a qui arbore un ton alarmiste, d’autres verseraient dans le discours subjectif et/ou officiel, lorsque la toile explose de mille et une histoire autour du problème.

Il faudra simplement à la communication officielle de travailler sur le basique :

  • Ne pas tenir un discours teigneux et menaçant,
  • Ne pas effrayer le public (ni sur l’ampleur de l’épidémie ni sur l’ampleur des mesures tels que le couvre-feu etc.),
  • Vanter les mérites du dispositif de prise en charge face l’épidémie et des mesures sociales et economiques d’accompagnement
  • Anticiper sur les fausses informations, les faux messages
  • Travailler sur une « stratégie » de communication qui « fixe » les réseaux sociaux pour contrer les fakes news et les contrevérités.
  • Ne pas censurer : ni les médias, ni Internet.

A l’évidence le rôle des médias de masse n’est pas de verser dans une polémique stérile ni d’entretenir une propagande versatile à même de mettre en danger la (sur) vie de la communauté. Ils ont un rôle de transmettre des informations, des idées qui participent à la construction du bien-être collectif.

Le droit à l’information doit être garantie, en tout moment et en tout lieu, surtout dans un Etat qui se réclame du droit. Ce droit à l’information n’est pas la « propriété » des autorités politiques ni des patrons des médias encore moins des journalistes. C’est le bien « commun », il appartient à la communauté qui a le droit donc d’être informée !

En temps normal, comme en temps de crise (en l’occurrence en cette période d’épidémie), le travail du journaliste reste (et doit rester) toujours au service de la démocratie, focalisé sur la vérité et la recherche du bien commun. La liberté d’expression, en tout temps, c’est d’exprimer, avec RESPONSABILITE, ce qui est à même de contribuer au bien du public. Il (nous) faut humaniser notre travail !

Djibril Saidou

Journaliste, Spécialiste en Communication