Conférence Nationale Souveraine 27 ans…et après ?
Le 29 juillet 2018, notre pays a célébré la Journée nationale de a Démocratie instituée le 29 juillet 2013 en commémoration de la Conférence Nationale Souveraine. Une rencontre nationale qui commandait une certaine hauteur de vue pour un diagnostic critique et précis des véritables problèmes qui minaient le Niger et son administration. Au fond, il s’agissait surtout d’explorer, dans la solidarité et la cohésion nationales, les remèdes et autres pistes pour jeter les bases de l’instauration de la Démocratie et de l’État de Droit. C’est du reste l’espoir, le grand espoir qu’a suscité ce forum national animé par 1.204 délégués pendant 98 jours et qui aura le mérite certain d’avoir mis en place les institutions de la première transition démocratique dans notre pays.
Contrairement à ce que pensent encore certains, le but de la conférence nationale n’était pas de faire table-rase du passé en faisant ‘’tonon assiri ‘’ ou du ‘’tankataferi’’ pour des raisons inavouées. Le but de la conférence nationale n’était pas de régler des comptes, de déterrer les secrets les plus enfouis de l’État, ni de désacraliser les institutions de la République en vilipendant particulièrement notre Armée.
En plus de la théâtralité de ce forum à certains niveaux des débats, malheureusement beaucoup de nigériennes et des nigériens retiennent de la conférence nationale le procès de 30 ans de système de gouvernance politique et de gestion de la chose publique.
De l’avis général, si la conférence nationale souveraine aura permis l’éclosion des libertés et l’affirmation des droits humains, beaucoup reste à faire quant aux défis et enjeux de développement auxquels fait face le Niger et cela depuis 27 ans. C’est en cela qu’il faut situer la responsabilité de notre élite dans la préservation, la défense et la sauvegarde des acquis de la conférence nationale.
Parlant des acquis de la conférence, qu’avons-nous fait réellement? Qui en a le plus profité depuis 27 ans? Les institutions de la République ou les producteurs ruraux du Niger ? L’élite politique ou l’écrasante majorité de nos masses laborieuses?
Dans tous les cas, après 27 ans de Démocratique on ne saurait porter toute la responsabilité de l’échec et des intolérables faux pas, sur notre classe politique aussi vieillissante et ‘’récidiviste’’ soit-elle. Car de son leadership politique, autant nous avons hérité des expressions comme: «tchanji dolé, accidents malheureux, majorité sans âme, Coup d’État, transition militaire sans audit, tazartché, ministères coquilles vides», autant nous avons hérité des expressions qui rassurent comme «Unité Nationale, Refondation, Restauration, Renaissance…».
Ceci témoigne de la volonté de l’élite politique ‘’promotion conférence nationale’’ a rattrapé certainement ses erreurs et à bâtir ce grand Niger puissant qui rend la nature toujours plus belle.
Ce que nous savons et qui doit tous nous interpeller, c’est la persistance voire l’aggravation de certaines pratiques et tares décriées par la conférence nationale: le favoritisme, la corruption, la politisation de l’administration publique, l’immobilisme politique et syndical, la mauvaise gestion des affaires publiques.Ce qui doit tous nous interpeller après 27 ans de conférence nationale, ce sont les tâtonnements et hésitations dans les choix des politiques de développement faisant ressortir que le Niger a plus roulé sur des budgets de consommation que des budgets de production ou d’investissements conséquents.
Enfin, la conférence nationale ne peut être considérée comme réussie si, tous ensemble, aujourd’hui et pour toujours, par action ou par abstention, nous ne préservons pas ses acquis. Pour les préserver, nous devons par un sursaut national, accomplir le miracle de redresser la barre en permettant au peuple souverain de rester uni et réconcilié qu’elles aient été les péripéties du passé.
Nous devons tirer les leçons de ce rendez-vous de l’histoire, pour qu’ensemble, dans l’intérêt du pays, nous fassions face aux vrais ennemis du Niger : l’impunité, les débats stériles, la dispersion des énergies et autres tripatouillages sans fin des lois et règlements de la République.
Abdoulaye Abdourahamane Ahamadou
Écrivain du Sahel