Assemblée Générale Internationale de TLP au Niger: Discours de Laurent DUARTE, Coordonnateur International de TLP


Cher.e.s membres,

Cher.e.s ami.e.s,

Lorsqu’en octobre 2014 naissait officiellement Tournons la page peu d’entre nous imaginions voir cinq ans plus tard près de 250 structures et des milliers de citoyens d’Afrique et d’Europe œuvrer durablement, au sein d’un même mouvement, pour une Afrique plus démocratique et respectueuse des droits. Cette réussite, c’est la vôtre, celle de militant.e.s issu.es de la diversité de la société civile : ONG de Droits l’homme ; organisations confessionnelles ; organisations de femmes ; syndicats ; mouvements de jeunes… Cette réussite c’est la vôtre par tous les risques que vous prenez au quotidien pour faire vivre cet espoir d’une Afrique libre et prospère. Ici, au Niger, vous l’avez payé au prix fort, au prix d’une privation de votre liberté pendant 4 à 6 mois pour une vingtaine d’entre vous. Aujourd’hui encore, nous devons nous rappeler qu’à Zinder, Saddat Illya est toujours détenu.

Je tiens à saluer l’ensemble des membres de Tournons la page Niger pour leur capacité de résilience et leur mobilisation sans faille. Il y a un an, fortement réprimée, votre coalition accueille aujourd’hui la première Assemblée Générale internationale de Tournons la page. Il faut vous applaudir ! Je tiens à remercier également le Président de la CNDH qui nous fait l’honneur de sa présence ce matin à nos côtés.

Depuis cinq (5) ans, nous avons créé une solidarité hors du commun, au gré des réussites et des échecs de notre mouvement. Chaque arrestation, chaque intimidation, chaque attaque à renforcer notre mouvement, notre capacité à réagir, à nous entraider au-delà des frontières nationales. Pendant une semaine, nous allons continuer à renforcer la famille « TLP », à construire les victoires de demain car les mois et les années à venir vont être décisifs.

Alors que la Mauritanie s’enfonce dans une nouvelle crise post-électorale dont le continent à tant souffert, les pouvoirs en place en Guinée et en Côte-d’Ivoire préparent, au mépris de la constitution et de la volonté de leurs peuples, leur maintien au pouvoir. Au Burundi, le régime qui a fait fuir ou assassiner toutes les voix critiques, se prépare à une nouvelle mascarade électorale en 2020. Ici au Niger, la loi électorale votée la semaine passée sans l’approbation de la société civile ou de l’opposition n’augure rien de bon pour les élections à venir en 2021. Au Tchad, avec l’aval d’une communauté internationale aveuglée par son obsession sécuritaire et migratoire, Idriss Deby a transformé le système politique en une monarchie républicaine, retardant sans cesse la tenue des élections législatives. En RDC, la cohabitation négociée, au mépris du choix des Congolais, a considérablement diminué le peu de légitimité dont jouissaient les institutions chargées de la régulation de la vie civique et démocratique. Au Cameroun, meurtri par deux guerres et où l’espace civique est réduit à peu de chagrin, la fin du régime crépusculaire de Paul Biya laisse craindre le pire.

Partout les lois sur la cybercriminalité, faux-nez pour museler l’expression en ligne des citoyens se multiplient. Les dirigeants se copient en promulguant à tour de rôles des lois limitant l’espace et les droits des associations ou en coupant internet dès que la situation se tend. Les droits sociaux sont foulés au pied alors que la récession économique perdure faute de vision stratégique et de probité des régimes exportateurs de matières premières.

Les défis sont grands mais le temps n’est pas à la résignation ! Au Soudan et en Algérie des régimes sclérosés sont durablement ébranlés par la force d’un mouvement structuré et pacifique. Au Gabon, au Congo, au Burundi, en RDC,au Togo vous avez montré depuis 2015 que les peuples africains n’acceptent plus les mascarades électorales et le détournement des instruments politiques au profit d’une élite prédatrice au pouvoir depuis trop longtemps. Alors ensemble, je nous invite à faire vivre ou revivre cette flamme, celle d’un changement durable ici, et ailleurs. Je nous invite à garder à l’esprit ce que disait Victor Hugo ou Mandela que le socle de la démocratie, c’est d’d’abord la solidarité. Et rappelons ensemble que la démocratie, en Afrique comme ailleurs, n’est pas un luxe, c’est un droit !

 Merci de votre présence et très riche et créative Assemblée générale à tous !

 Je vous remercie.