Abdoul ÉCRIVAIN DU SAHEL « L’indépendance dans la négation de la dépendance….Il n’y a pas d’indépendance sous la surveillance des drones des forces militaires étrangères »
Le 3 Août 1960, le Président Diori Hamani prononçait le discours de l’accession du Niger à l’indépendance. Plus d’un demi-siècle après cette indépendance, ce jour 3 Août 2018, nous nous inclinons devant la mémoire des dignes filles et fils de notre glorieuse nation qui ont vaillamment préservé et défendu les Normes Supérieures et les valeurs éternelles de la République.
Ma première pensée va au régime de Diori Hamani qui, malgré les divergences politiques entre les partis RDA et Sawaba, a pu tracer les premières pistes du développement à la base. Je pense au Général Seyni Kountché qui, nonobstant ses 13 ans de régime d’exception nourri d’un nationalisme inégalé, a su montrer à la face du monde que le peuple nigérien est digne de respect. Comment ne pas citer le Général de Brigade Ali Saibou qui, en sonnant la cloche de la décrispation, a facilité la tenue de la Conférence Nationale Souveraine avec ses 1204 délégués sous la conduite éclairée du Professeur André Salifou. Rendons hommage à S.E.M Mahamane Ousmane dont l’élection à la magistrature suprême fut la preuve éclatante du pluralisme démocratique au Niger. Rendons hommage à S.E.M Mahamadou Tandja dont les deux mandats consécutifs à la tête de l’État ont redonné confiance aux nigériennes et aux nigériens en dépit des soubresauts socio-politiques que l’on sait.
Je dis tous mes respects aux compatriotes qui se sont retrouvés dans les Coups d’État militaire du Général Ibrahim Mainassara Baré, de Douada Malam Wanké et Djibo Salou. Ces hommes de caserne qui ont estimé que l’Armée n’a pas droit au silence lorsque les institutions démocratiques républicaines sont en crise.
Je dis mes respects et mes hommages à S.E.M Issoufou Mahamadou, premier président de la 7ème République pour sa conviction personnelle qu’un Niger nouveau est possible à travers le concept de « Renaissance » au sens le plus élevé du terme.
Aux jeunes qui chôment, à ceux qui luttent et à ceux qui somnolent, à ceux qui pensent et agissent, aux jeunes ruraux qui vident les campagnes, à ceux qui sont contraints à l’exode, à nos masses laborieuses humiliées du fait des caprices du climat, à la diaspora qui hésite de rentrer au bercail, à la population carcérale qui attend depuis des années des procès qui viennent pas ou des verdicts qui ne tombent pas, aux orphelins et veuves de nos soldat tombés sur le champ d’honneur, à la femme victime de violence et à l’enfant, fêtons l’indépendance avec la ferme et commune détermination d’aller de l’avant. La République ne nous abandonnera pas.
C’est auprès de ce grand Niger puissant légué qui rend la nature toujours plus belle que nous rendons grâce à Dieu et saluons vivement l’engagement de la jeunesse dont les rêves et les désirs continuent à faire la fierté de la République et ce malgré tout (…)
C’est auprès de ce grand Niger puissant qui rend la nature toujours plus belle que nous saluons la patience paysanne de la femme nigérienne qui a courageusement su serrer son pagne dans les moments les plus forts de l’histoire de notre jeune et glorieuse nation.
C’est auprès de ce grand Niger puissant qui rend la nature toujours plus belle que nous exprimons toute notre considération à la chefferie traditionnelle dont la Sagesse a beaucoup pesé dans la consolidation de l’Unité nationale et de la cohésion sociale.
Comment ne pas s’incliner devant le patriotisme et la citoyenneté responsable du fonctionnaire de l’État? Ce fonctionaire qui, même face à l’ingratitude de la République, s’appuie sur le piédestal de la force morale intrinsèque pour se dresser contre la politisation et la gestion familiale de l’administration publique.
Du 3 Août 1960 à ce jour, le Niger a grandi. Le Niger a grandi non pas pour ses ressources naturelles convoitées, exploitées ou en instance de l’être, encore moins pour sa maturité démocratique. Le Niger a grandi parce cette génération montante et agissante qui est la nôtre refuse de continuer à vivre l’indépendance dans la négation perpétuelle de la dépendance. Il n’y a pas d’indépendance sous la surveillance des drones des forces militaires étrangères et ce, sous le fallacieux et évident prétexte de coopération militaire. Nous refusons l’indépendance de façade qui cautionne l’installation des bases militaires occidentales sans un mot de la représentation de l’Assemblée Nationale et ce, dans un régime de Démocratie véritable. Il n’y a pas d’indépendance tant que la hiérarchie militaire nationale n’a pas accès aux bases militaires occidentales et ce, à tout moment. Quelles que soient la complexité des défis sécuritaires et la transversalité des menaces, la coopération militaire ne doit être synonyme de conquête néocoloniale dans ce monde civilisé. Ce monde hélas, sous les braises de la guerre, produit inévitable du système actuel des États Nation.
In fine, nous ne comprenons pas une coopération militaire qui déborde des cadres des renseignements, du transfert des technologies et des compétences en foulant au pied le principe universel du respect la souveraineté de l’État.
Après 58 ans de littérature politique, 58 ans de gauchissements juridiques sur l’indépendance, nous voudrions enfin vivre cette indépendance en toute liberté. La Liberté comme principe absolu au fondement du Droit. Nous voudrions vivre cette indépendance en toute Justice. La Justice comme règle absolue de garantie de la sécurité des hommes ainsi que de leurs biens. Nous voudrions vivre cette indépendance en toute souveraineté. La souveraineté comme exigence non négociable de la République. Nous voudrions vivre cette indépendance en toute dignité. La Dignité comme première valeur intrinsèque de l’homme.
Bonne fête de l’indépendance nationale.
Dieu bénisse le Niger et son peuple. Amen.
Abdoulaye Abdourahamane Ahamadou alias ÉCRIVAIN DU SAHEL
Citoyen de la République