CLIMAT : Les impacts du changement climatique dans un contexte humanitaire préoccupant au Niger
(Niamey – 15 Septembre 2022) : Jusqu’à 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique, si des mesures urgentes en matière d’adaptation ne sont pas mises en place. C’est la substance du rapport national sur le climat et le Développement (CCDR) récemment publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du G5 Sahel.
Au Niger, le financement climatique représente 26 % des investissements pour l’exercice 2021 – soit 202 millions de dollars. Plus de 80 % de la population nigérienne vit de l’agriculture et les petits exploitants sont les plus directement touchés par les effets de la variabilité climatique. Situé au cœur de la Région du Sahel, le pays n’échappe pas aux chocs climatiques sous des formes diverses : la désertification, la dégradation des terres, les sècheresses et les inondations. Les conséquences de ces phénomènes sont, entre autres, les famines; la dégradation de l’environnement, l’exode rural, l’assèchement des points d’eau, la perte des vies humaines et du cheptel, les invasions des ennemis de cultures et les maladies. Ces effets néfastes des changements et de la variabilité climatiques sont liés en partie à la baisse de la pluviométrie et à la pression démographique. Ils hypothèquent la durabilité de gestion écologique et économique de certains systèmes agro productifs. Cela se traduit d’une part, par la dégradation poussée des ressources naturelles, l’ensablement des cuvettes fertiles et des habitations, le déficit céréalier, l’amenuisement des superficies forestières et aires de pâturage et d’autre part, par la perte du cheptel, les jeunes poussés à l’exode rural ou à la migration, la paupérisation croissante des communautés vulnérables.
M. Eugene N Nforngwa, spécialiste des politiques climatiques et énergétiques a fait remarquer que : « L’Afrique subit des impacts du changement climatique plus graves que la plupart des régions du monde. Au cours des seules dernières décennies, des inondations extrêmes, des cyclones, des sécheresses, des vagues de chaleur, des infestations de ravageurs et bien d’autres ont tué des millions d’Africains ou anéanti leurs moyens de subsistance ». «Le changement climatique, c’est une réalité qui, pour la plupart des gens, est une question de vie ou de mort » a-t-il ajouté.
Pour y faire face, M. Sani Ayouba, Directeur Exécutif de l‘Association JVE – Niger estime que : « La jeunesse doit participer activement aux réflexions de haut niveau notamment sur la Justice climatique, mener des actions pérennes utiles sur le long terme, livrer des messages porteurs à l’intention des décideurs nationaux et internationaux ».
Le cas spécifique des inondations saisonnières au Niger…
Le processus de dégradation des terres est indissociablement lié aux fortes précipitations. Outre leurs effets bénéfiques, les pluies ont aussi des effets néfastes. Les pluies caractérisées par de fortes averses sont les causes des ruissellements et des ravinements qui emportent les couches fertiles des sols. Le ruissellement diffus sur les plateaux et les pentes entraîne les éléments fins du sol et aboutit à la formation de vastes glacis ainsi qu’à la formation et à l’élargissement des koris et des ravins. Le cycle des inondations et leurs conséquences inquiètent l’opinion. Courant Septembre, le Gouvernement a annoncé que 22 406 ménages sinistrés ; 189 360 personnes sinistrées ; 137 pertes en vies humaines ; 20 339 maisons effondrées ; 1 142 cases effondrées ; 116 gros ruminants décimés ; 566 petits ruminants décimés ; 53 classes effondrées ; 210 greniers endommagés ; 16 magasins endommagés ; 914,95 ha d’aires de cultures endommagés ; 5 cases de santé endommagées ; 33 latrines endommagées ; 14 tonnes de vivres perdues ; 38 boutiques endommagées.
Une situation humanitaire préoccupante
Au Sahel où les températures augmentent 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde, les experts prévoient que, d’ici 2100, la température augmentera de 3°C à 6°C, aggravant ainsi les problèmes de sécurité alimentaire, de raréfaction de l’eau mais aussi les conflits et les crises humanitaires. Aux impacts liés aux changements climatiques est venue s’ajouter une situation humanitaire préoccupante au Niger. En Août dernier, la Coordinatrice Humanitaire du Système des Nations Unies en résidence à Niamey, Mme LOUISE AUBIN, a affirmé que 549 000 personnes sont en situation de déplacement forcé dont 264 000 personnes déplacées internes ; 250 000 réfugiés. En outre, d’important flux de déplacés continuent d’être observés dans les régions de Diffa, de Tillabéry, de Maradi et de Tahoua, notamment. Dans le même temps, plus de 600 écoles sont fermées privant plus de 60 000 enfants nigériens du droit élémentaire d’aller à l’école. La situation humanitaire est encore aggravée par la pandémie de la COVID-19 qui entraîne une augmentation exponentielle des besoins.
Sakinou Mamane / NIAMEY-SOIR
(Reportage réalisé avec l’appui International Média Support)