SOCIETE : Constituer la base de connaissances nécessaire pour stimuler la croissance et l’emploi dans la région du lac Tchad


 

WASHINGTON, 15 novembre 2021— La région du lac Tchad, une zone économiquement et socialement intégrée en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, s’étendant sur le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad, est confrontée à une conjugaison de défis de développement multidimensionnels qui se traduisent par une faible croissance économique, des opportunités limitées et la fragilité. Pour stimuler la croissance et la création d’emplois dans la région, il faut des politiques et des programmes qui rétablissent la paix et améliorent la prestation des services publics essentiels afin d’offrir de plus grandes opportunités économiques. Pourtant, un grave manque de données et de diagnostics entrave des interventions coordonnées et fondées sur des éléments factuels. Une nouvelle étude de la Banque mondiale entend combler ce déficit crucial de connaissances afin d’éclairer le débat sur les actions à mener par les pouvoirs publics face aux défis et aux opportunités, dans la poursuite d’une croissance économique plus rapide, plus inclusive et durable dans la région du lac Tchad.

Le Mémorandum économique régional du lac Tchad – le développement au service de la paix expose de manière détaillée les défis de développement interconnectés qui se posent dans la région du lac Tchad. Il constate que les taux de pauvreté, la croissance économique et d’autres indicateurs socio-économiques de base dans la région sont à la traîne en comparaison à d’autres parties des pays concernés. Cette stagnation est perpétuée par les boucles de rétroaction négative entre les « 3 D » et les « 2 C », c’est-à-dire i) la faible densité, les longues distances et les profondes divisions sociales, culturelles et ethniques qui caractérisent la géographie économique de la région ; et ii) le changement climatique et les conflits qui exacerbent ces défis de développement.

« La région du lac Tchad est confrontée à des défis de développement imbriqués qui font que ses 30 millions d’habitants se retrouvent piégés dans un cercle vicieux de faible croissance et de pauvreté endémique. Ces conditions favorisent ensuite les conflits, l’émigration et les déplacements, la dégradation des terres et un sentiment général d’insatisfaction à l’égard des institutions gouvernementales. Il est donc essentiel de déterminer les leviers d’action des pouvoirs publics qui permettent de rompre ce cercle vicieux et favorisent un cercle vertueux de croissance économique, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté », explique Marco Hernandez, économiste en chef à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.

Le Mémorandum économique régional préconise une approche multisectorielle qui donnera une « grande impulsion » suffisamment forte pour inverser ce cycle qui s’auto-renforce et maintient la région du lac Tchad dans un équilibre sous-optimal. Il dégage également quatre domaines d’intervention transversaux constituant des voies de croissance, à savoir la facilitation des échanges, les infrastructures de connexion, une gouvernance efficace et une meilleure gestion des ressources naturelles.

« Les défis de développement dans la région du lac Tchad sont transnationaux, tout comme les solutions », déclare Boutheina Guermazi, directrice de l’intégration régionale à la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Les défis interdépendants et l’étendue des opportunités communes, y compris les retombées économiques au-delà des frontières, laissent penser que les stratégies coordonnées peuvent mieux fonctionner que les initiatives nationales indépendantes dans la région. Le Mémorandum économique régional du lac Tchad peut aider à éclairer le débat et à favoriser une compréhension et une action collectives plus larges.

Banque Mondiale