JEA 2021 : Les enfants face aux députés nationaux


Niamey- Jeudi 17 Juin 2021 : Sous la présidence de l’honorable Hadia Seyni, 2ème Vice-présidente de l’Assemblée Nationale, en séance plénière, une journée parlementaire d’information s’est tenue et a porté sur la célébration de la Journée de l’Enfant Africain (JEA) Edition 2021. Procédant à l’ouverture des exposés, l’honorable Hadia Seyni a souligné l’importance de cette initiative en remerciant les enfants qui ont effectué le déplacement, le  Ministère en charge de la promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant ainsi que l’UNICEF pour avoir pensé à la représentation nationale.

Du haut de la tribune de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, trois (3) jeunes enfants : Nana Firdaws Tanimoune, Chamssia Bizo et Yasser Arafat ont entretenu les parlementaires sur l’état de la mise en œuvre des engagements internationaux souscrits par le Niger notamment par la ratification de la charte Africaine des droits et du Bien-être de l’enfant en 1999 ; les efforts déployés du point de vue législatif et réglementaire en matière des droits de l’enfant et enfin les défis qui restent à relever.

Au premier point, la jeune Nana Firdaws Tanimoune a reconnu les  nombreux efforts  qui sont faits par l’Etat en matière de protection de l’enfant. Elle a illustré son propos  par l’arsenal  juridique et intentionnel existant au Niger : l’Adoption du Document cadre de protection de l’enfant ; l’Adoption de la Politique Nationale du développement Intégré du Jeune Enfant (PNDIJE) ; l’Adoption de la Politique de Protection Judiciaire Juvénile (PJJ) ; l’Adoption de la loi 2014-72 régissant les juridictions pour mineurs ; l’Adoption de l’ordonnance 2010-86 relative à la lutte contre la traite de personnes ; la mise en place des comités de protection de l’enfant ; la création de plusieurs services de protection de proximité etc.

Pour sa part, Chamssia Bizo a axé son intervention sur des recommandations formulées par les enfants à l’endroit de la représentation nationale.  Il s’agit de : Créer les conditions pour une harmonisation du cadre législatif nigérien afin d’avoir une définition consensuelle de l’enfant ; d’adopter le projet du code de l’enfant ; d’assurer les allocations budgétaires conséquentes dans le domaine de la protection de l’enfant et cela conformément aux dix aspirations contenues dans l’agenda 2040 de l’Union Africaine ; de recruter suffisamment d’assistants sociaux pour animer les services de protection de proximité dans toutes les communes du Niger.

Yasser Arafat a quant à lui insisté sur les défis qui restent à relever en matière de protection de l’Enfant au Niger. Selon lui, en dépit des efforts qui sont faits par l’Etat, les politiques nationales en faveur des enfants peinent à répondre aux réelles aspirations en raison d’une insuffisance notoire des ressources humaines ; les allocations budgétaires dans le secteur de la protection de l’enfant ne correspondent pas aux engagements pris et aux attentes ; le nombre d’enfants en situation de rue s’accroit au Niger. A cela s’ajoute la précarité de nombreuses familles qui met en danger le devenir des enfants ; l’insécurité qui alourdit le nombre d’enfants vulnérables.

Avant de terminer son propos, le jeune Yasser Arafat a également rappelé le défi lié à la dualité des sources de droit avec la coexistence du droit positif et de la coutume, le manque d’harmonisation entre certains textes nationaux et les conventions et traités internationaux relatifs aux enfants. C’est le cas de l’âge légal minimum de mariage fixé par le code civil à 15 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon. Pour conclure, le jeune Yasser Arafat a rappelé aux députés nationaux que le projet du code de l’enfant visant à abolir ce pluralisme des textes juridiques dans le domaine des droits de l’enfant et à harmoniser les lois nationales avec la CDE et la CADBE n’a toujours pas été adopté et cela depuis 2005.

Quelques extraits des réactions des honorables députés

Honorable Idder Mahamadou : « Je suis un enseignant de formation ! Je voudrais dire donc à mes enfants que je suis bien placé pour les entretenir sur le plaisir et l’honneur d’avoir des enfants qui ont réussi. Alors mes jeunes enfants enlevez de vos têtes l’idée qu’il faut avoir des ordonnances, des codes, des participations etc. Je pense que tout doit se résumer au travail en classe. Chers enfants allez à l’école que de participer très tôt à la vie active, soyez plutôt travailleurs, actifs et réguliers  en classes, sensibilisez vos si possible vos camarades de campagne sur l’importance d’aller à l’école de sorte que tous les enfants, toutes les filles de ce pays aillent à l’école et y restent jusqu’au niveau universitaire.  Alors et alors là, personne ne vous saurez défendre vos droits car personne ne le fera à votre place ! ».

Honorable Chitou Mamane : « La première des choses c’est l’éducation et elle ne consiste pas à dire l’enfant d’aller étudier, Non ! L’éducation des enfants incombe d’abord à nous les parents puis à l’Etat. Deuxième chose, il faut repenser le système éducatif nigérien de sorte qu’il réponde aux aspirations de la jeunesse car la jeunesse nigérienne est bien éduquée et sensibilisée,  elle peut constituer un levier de développement. Le cas échéant ce sera une bombe à retardement. Je pense que nous devons écouter nos enfants pour prendre des lois à respecter et à faire respecter et non à jeter dans les tiroirs »

 Honorable Sahadatou Saley : « Ce plaidoyer que ces jeunes enfants viennent de faire est à encourager. La vérité est que dans notre pays certains parents ont démissionné par rapport à leurs obligations, et cela malgré la place de choix que notre religion a fait à l’enfant. La démission des parents est une triste réalité dans notre pays ! Je pense qu’en venant ici lancer leurs cris de cœur, nos enfants ont tapé à la bonne porte parce que l’assemblée nationale est aussi là pour écouter chacun dans la défense de ses droits notamment les femmes et les enfants. Des lois existent, d’autres non. C’est à nous d’agir en  initiant des lois pour combler certains vides juridiques sur les violences faites aux femmes, aux filles et garçons. Nous devons agir vite et je pense notre institution est composés de femmes engagées et sensibles à ces questions »

Salamathou Alaké et Yahaya Agali Oulame / niameysoir.com