POLITIQUE : Général TCHANGA, la palme d’or de la bouffonnerie
Le Samedi dernier au meeting de Lumana tenu au Stade Général Seyni Kountché, un autre Général contemporain a voulu ravir la vedette à l’illustre feu Président. Le moins qu’on puisse dire ce qu’il a réussi ! Pas pour les qualités reconnues à l’illustre disparu mais, comme dirait le très sérieux satyrique français le Canard Enchainé pour avoir franchi « le mur du con ».
Il ne s’agit ni d’un sketch de Nourou non plus d’une chronique de Mamane du Gondouana, mais bien une scène réelle où Monsieur Hama Amadou a sorti la pièce maîtresse de son artillerie lourde, le Général Boureïma Moumouni censé défoncer les lignes de défense du Candidat du PNDS aux élections présidentielles, Elhadji Mohamed Bazoum… Les nigériens pouvaient, presque, se délecter avec une page pleine digne d’un Gaston Lagaffe du scénariste de la bande dessinée de Pierre François et autres avec, en prime un transport aller-retour assuré ! Le drame c’est que le personnage est moins sympathique et rappelle à tout point de vue au sinistre Jonas Sawimbi de l’Angola…
D’entrée de jeu, le généralisme de la lutte anti-PNDS se met en scène avec un speech dans un français approximatif pour un officier nigérien. Il a cru devoir, avant de déblatérer sa thèse ou du reste de Hama, définir à son auditoire les concepts ou la terminologie qu’il va utiliser. D’abord, il décline la signification du PNDS et ensuite ce qu’est Bazoum pour lui. Après ce préalable il finit par une diatribe sans limites et des menaces.
Selon, Tchanga le PNDS serait un parti de « doko et Satta » autrement dit de porteurs de charges et de voleurs »
Si le terme voleur est univoque, celui de Dan doko l’est moins. Il est rempli de sous-entendus et de préjugés. Comme « Aboki », désignant tout nigérien et en particulier Hausa en côte d’Ivoire celui de « Dan doko » récouvre la même signification chez les Dendi du Bénin voisin du terroir natal deTchanga. Et en croire que ce monsieur a dirigé notre armée nationale !
Quant à Bazoum, la foudre de guerre de Hama le menace de « fournir sa nationalité » sinon la Cour Constitutionnelle doit se servir de ça pour invalider sa candidature… Et il ajoute que Bazoum doit se tenir tranquille on lui a « donné » la nationalité, il n’a qu’à foutre la paix et « respecter » les nigériens. Certes, le personnage est peu intelligent et trop brut et c’est en cela que le discours Tchangayen mérite une exégèse. Pour l’avoir un peu fréquenté dans les Hôtels Hamdallaye de Gaya et Rose de Sable de Mallanville au Bénin cette proximité m’autorise à l’interpréter. En termes clairs Bazoum doit s’abstenir de se présenter aux présidentielles et en échange on le laissera vivre tranquillement avec sa nationalité en « pattes blanches et non zébrées (comme celles des arabes) ». Bazoum comme, s’il n’en était de rien, n’a pas répondu à l’ultimatum et aux sommations et à continuer sa tournée de proximité sans même daigner lui répondre il continue sa Tournée de proximité. Peut-être, lui aussi, pour avoir fait son service militaire à Tondibia sait de quoi ne peut être capable ce galonné de salon…
Au lieu de cette alternative en « or » offerte par le supplétif de Hama, Bazoum fait le « têtu » et se met, selon le Général, à divaguer à tenir des propos « nationalistes et ethnocentristes ». C’est à en croire que le miroir de Tchanga, au lieu de Bazoum, ne lui reflète que la sienne et celle de son mentor Hama Amadou, peut être un effet d’optique.
Pour justifier la guerre contre Bazoum, comme Bush avec ses armes de « destructions massives » contre Saddam Hussein le Général barbu dit que Bazoum terrorise, « menace, intimide » les nigériens, « il envoie des gens cagoulés la nuit pour les prendre ». Fort heureusement Tchanga n’a pas dit pour les amener en Mauritanie ou ailleurs pour les réduire en esclavage.
Ensuite, pour justifier son dessein, Tchanga va à l’abordage de la chaine électorale. Il dit que la cour constitutionnelle, la CENI, le Code électoral, le fichier électoral sont « tous » pourris, il ne restait qu’à ajouter la constitution.
A la guerre comme à la guerre, aux grands mots les grands remèdes ! Tchanga promet de répondre à une (1) menace de Bazoum par mille (1000).
Pour dit-il la « quiétude sociale et laisser un pays en paix », il menace « humblement » Issoufou Mahamadou et lui intime « Tenez en laisse votre Bazoum » …
Et pour associer les populations à cette croisade il les invite « à sortir massivement et empêcher (aux hommes cagoulés de Bazoum) de les prendre ». En clair une invite à un affrontement entre les populations et les forces de l’ordre, un vrai appel à l’insurrection ! quel culot ?
En définitive, poursuivant son rêve éveillé, Tchanga promet au PNDS et son Président de les « écraser, réduire en poussière et de verser la cendre dans le fleuve ». Heureusement pour les partisans du parti rose Tchanga n’est pas une lumière en science militaire et de la guerre ! Un chasseur Dozo du Mali avec son mousquet, son arc et ses flèches est mille fois plus dangereux et face à lui Tchanga lui-même ne manquerait de prendre la poudre d’escampette.
C’est peut-être pour cette raison que les pouvoirs publics nigériens n’ont guère inquiété ce retraité voulant faire, à l’instar de son mentor, d’une compétition électorale un champ de guerre. Après son show du stade, il est rentré tranquillement chez lui se couler la douce. Et pourtant, à longueur de journée, ses maitres claironnent qu’au Niger il n’y a pas de liberté d’expression et de Démocratie !
L’évènement est pourtant gravissime, ne serait-ce que du point de vue du rang et du grade de Tchanga dans un meeting d’un parti d’une personnalité ayant occupé de hautes fonction de l’Etat.
Il est vrai, dans la tradition de Tchanga, il n’y a aucune honte à faire l’apologie d’un mentor quel que soit l’individu. Pourvu qu’il casque. Même si chacun doit faire son boulot tout de même du point de vue moral, il y a quelque chose d’un peu gênant. On ignore qui devrait porter le chapeau de « la honte » de cette sortie fracassante. Lui ? Ses commanditaires ? nous autres ? Notre armée ?
Que penserait l’étranger en écoutant de telles inepties venant d’un Général Nigérien qui, plus est, fut Chef d’Etat-major, dû-t-il être à la retraite ?
Heureusement, il serait loin d’y voir une mauvaise image des Forces Armées Nigériennes tant, la génération actuelle de nos braves soldats et leurs officiers se sont illustrés sur les théâtres opérationnels tant dans le pays qu’à l’étranger au point de faire le Niger est un verrou de la sécurité régionale et un acteur comptant dans la lutte contre le terrorisme international, n’en déplaise au pyromane !
Les coups de semonce du « Bonaparte » de Hama a fait pschitt. Lumana aurait dû faire économie de cet encombrant monsieur et Tchanga, lui-même, n’aurait pas dû étaler son bêtisier. C’est, peut-être, trop demander à son intelligence tant, il gloussait et semblait être satisfait de sa piètre prestation à le voir sur les images…
Cependant, il y a à mettre à sa décharge le courage, la témérité qu’il n’a jamais eus à la guerre comme suite à l’attaque du convoi du candidat Tanja à Abala. Son mérite c’est d’avoir été le Fou du roi et de dire tout haut ce que pense tout bas ses maîtres. Ce faisant, il expose à la face des nigériens les types d’officiers promus par les Hama, au fait de leur gloire, dans la sphère de la quintessence de la haute hiérarchie militaire. Et on mesure à quel point le martyr auquel ont été soumises les FAN sous la férule de Tchanga et de ses pairs, heureusement pour eux et pour le Niger ils sont à la retraite …
Tchanga n’est pas une vedette, une Hamsou Garba ou un Alpha Blondy pour le présenter dans un show ou un grand spectacles médiatique. A la limite l’usage du phénomène peut être destiné à la consommation interne à Lumana, là encore !
La sortie de Tchanga, à tout point de vue, a été un épiphénomène indigne d’un procès ou d’une réplique du PNDS et son Président. La vraie sanction c’est le jugement que portera l’opinion. Comme dit un dicton Tamashaq : le Amajagh (noble Kel Tamashaq) ne répond pas aux bouffonneries du forgeron, son sujet.
Le Président Nigérien, Issoufou Mahamadou aura la satisfaction morale, près de vingt (20) ans lorsqu’il avait invité Tchanga, chef d’Etat-Major d’alors, à déposer sa tenue militaire et à descendre dans l’arène politique s’il veut se mesurer à lui. Monsieur le Président, il s’agit aujourd’hui de votre dauphin. Pour tout vous dire, Excellence, ce personnage sans repère est simplement piètre et pire que ce qu’on pouvait penser.
Ali R. Sékou