NIAMEY : Le ras-le-bol de la société civile contre la loi des finances 2018
Ce dimanche 14 janvier 2018, en début de matinée, les organisations de la société civile nigérienne basées à Niamey, la Ville capitale du pays, ont investi massivement la rue pour exprimer leur ras-le–bol contre l’adoption de la loi des finances 2018. De la Place Toumo à la Place de la Concertation, la marche suivie de meeting a drainé une foule des manifestants scandant des slogans durs et hostiles au régime du Président Issoufou Mahamadou.
A noter que cette manifestation a été autorisée par les autorités de la Ville de Niamey après l’avoir interdite trois (3) fois de suite au mépris, selon les organisateurs, des dispositions de la Constitution du pays ainsi que des instruments juridiques internationaux ratifiés par l’État du Niger.
Dans le mémorandum présenté du haut de la tribune, un des membres du Comité d’Organisation, M. Nouhou Mahamadou Arzika, a partagé les points saillants vivement dénoncés par la société civile et qui sont contenus dans la loi des Finances 2018. Ce en précisant que le texte n’est pas encore publié au Journal Officiel (JO) après son adoption par l’Assemblée Nationale le 26 Novembre 2017.
Il s’agit de :
« 1-la création d’une taxe d’habitation que devront désormais acquitter toutes les personnes disposant d’un compteur relié au réseau d’électricité ou d’un système autonome d’énergie électrique, qu’elles soient propriétaires des maisons, simples locataires ou de personnes y habitant à titre gratuit;
2- le rehaussement du taux de l’Impôt Synthétique de 2 à 5% pour les activités commerciales et de 3 à 7% pour les prestations de service, assorti de la fixation de minima de 60 000F pour le commerce et 80 000F pour les prestations de service ;
3- l’extension de l’assiette de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) qui sera appliquée désormais au transport routier des marchandises et des voyageurs, aux affaires faites par les commerçants qui se livrent à la commercialisation des produits agricoles après acquisition auprès des producteurs ruraux, à divers produits, notamment des denrées alimentaires, des intrants agricoles, des fournitures scolaires jusque là exonérés;
4-la réévaluation du prix de base de cession des terrains relevant du domaine privé de l’État;
5-l’institution du prélèvement d’un acompte constituant un minimum de perception de l’impôt sur les plus-values de cession immobilières;
6- l’institution de l’apposition d’un droit de timbre de 200F sur tout document légalisé sous peine de nullité ;
7-la réactualisation et la diminution de certains taux de droits de mutation par décès pour la part nette recueillie par chaque ayant droit. »
M. Nouhou Mahamadou Arzika a également réagi aux propos tenus hier par le Président du PNDS-Tarayya, M. Bazoum Mohamed, lors de la célébration du 27ème Anniversaire de ce parti qui a porté Issoufou Mahamadou au pouvoir. Contrairement aux arguments développés par Bazoum Mohamed, les mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2018 ne s’expliquent ni par la récession économique que connait le Nigeria, ni par la chute des prix des matières premières, notamment le pétrole et l’uranium.
« Ces mesures sont l’illustration parfaite de la propension des autorités en place à privilégier et défendre les intérêts étrangers, notamment celles des grosses compagnies multinationales, au détriment de ceux du peuple nigérien » a martelé M. Nouhou Mahamadou Arzika.
« Si nous rejetons la loi de finances 2018, ce n’est pas seulement à cause des mesures injustes qu’elle contient; c’est aussi parce qu’elle ne prend pas en compte les préoccupations populaires dans son volet des dépenses » a-t-il ajouté.
Face à ce qu’il a qualifié de « régression sociale et démocratique », M. Nouhou Mahamadou Arzika a enfin réaffirmé l’engagement de la société civile nigérienne sur toute l’étendue du territoire national à manifester toutes les deux (2) semaines jusqu’à ce que les plus hautes autorités du pays prennent en compte leurs revendications.
niameysoir.com