SOCIETE : La société civile a bravé l’interdit du Maire de la Ville de Niamey
(Niamey – Vendredi 17 Janvier 2020) Niamey, la ville capitale du pays était agitée cet après-midi par des heurts entre manifestants et éléments de la Police Nationale. Situation prévisible car la veille, le Président de la Délégation Spéciale (Maire de la Ville), a signé un arrêté par lequel il a rejeté la déclaration de manifestation des organisations de la société civile prévue ce vendredi à 14 H à la Place publique de la Concertation (Centre de la Ville à la devanture du Parlement). Les autorités de la ville de Niamey ont évoqué « le non-respect du délai de procédure et le risque de troubles à l’ordre public » pour s’opposer à la tenue de la manifestation. Seulement, des manifestants très en colère ont passé outre la décision du Maire en tentant de converger au lieu du meeting. Dans la foulée, ils feront face à un dispositif impressionnant de la Police nationale qui a quadrillé la Place de la Concertation en bloquant également toutes les voies de jonction. Malgré tout, des débordements sont constatés au parking automobile extérieur du Ministère de l’Agriculture, au rond-point Maourey puis dans les quartiers Kalley Amirou, Maison Economique et Lacouroussou.
« Il n’y a pas de raison qu’on puisse nous empêcher d’organiser une manifestation pacifique dont les objectifs sont clairs….quand il s’agit de reprimer le citoyen, le gouvernement dispose des moyens mais qu’il n’est pas capable de deployer pour mettre à la diposition de nos FDS pour faire face à l’ennemi. Dans tous les cas, nous ne baisserons pas les bras. Nous continuerons à nous battre » a déclaré Moussa Tchangari, Secrétaire Général de l’Association Alternative Espace Citoyen (AEC).
Pour sa part, M. Mounkaila Halidou, membre du ROTAB qui échappé à une tentative d’arrestation s’indigne : « Nous savons que les citoyens sont sortis nombreux pour répondre à notre appel parce qu’ils ont marre de ce qui se passe dans ce pays mais la place de la Concertation, lieu de notre meeting, est quadrillée par la police nationale comme dans un État de siège. «
Bienque visiblement satisfaits de la forte mobilisation citoyenne, les organisateurs n’ont pas encore tiré un bilan de cette répression policière. Le calme est revenu en début de soirée sans incident majeur et sans arrestation.
Cette manifestation, rappelle-t-on, a pour but de soutenir les forces de défense et de Sécurité nigériennes engagées depuis bientôt cinq (5) dans la guerre asymétrique contre des groupes armés non étatiques principalement dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéri. En outre, la manifestation aura servi de l’occasion au noyau dur de la société civile (MPCR, AEC, TLP-Niger et ROTAB) pour demander le départ des forces extérieures notamment la force française Barkhane dont la présence constitue : « une menace sérieuse pour la souveraineté de tous les pays du Sahel ». Dans le même temps, les organisations de la société exigent du Gouvernement Brigi Rafini, l’ouverture d’une enquête indépendante sur les événements tragiques qui ont récemment endeuillé le pays (Inatès avec 71 soldats tués le 10 Décembre 2019 et 89 à Chinagodrer le 9 janvier 2020).
Abdoulaye Abdourahamane Ahamadou / niameysoir.com