Rapport : Scores de pérennistaion des OSC 2018, le Niger : 4,8


Extrait du Rapport de l’Indice de Pérennisation des Organisations de la Société Civile du Niger en 2018

(Publié en Décembre 2019)

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Le Niger a subi de fortes tensions sociales et politiques en 2018. L’année a été marquée par des vagues de grèves organisées par des syndicats de travailleurs, des enseignants chercheurs, des médecins spécialistes, des contractuels de l’éducation et des étudiants. Le procès des soldats jugés pour la tentative de coup d’État de décembre 2015 a été un événement marquant. Le 27 janvier, au bout de trois jours d’audience, le tribunal militaire a condamné les responsables du coup d’État à 15 ans de prison.

La situation sécuritaire est restée précaire, notamment dans la région de Tillabéri, où l’état d’urgence a été décrété en juin, avant d’être étendu aux régions de Tahoua, d’Agadez et de Diffa. Selon le Comité international de secours, près de 300 000 personnes ont été déplacées dans tout le pays à la suite d’attaques terroristes et d’autres conflits. Le gouvernement central, plusieurs organisations des Nations Unies, des organisations multilatérales telles que l’Union européenne (UE) et des missions bilatérales du Japon, du Danemark, des États-Unis et d’autres pays ont réagi à la crise en fournissant une aide humanitaire ainsi qu’un soutien financier aux forces armées nigériennes. Certaines OSC ont également fourni une aide humanitaire aux personnes touchées par ces attaques. Le G5 Sahel, un groupement sous-régional de 5 pays (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger) qui se concentre sur les questions de développement et de sécurité, a introduit une politique de prévention du terrorisme et organisé en 2018 plusieurs opérations visant à réduire la violence qui sévit dans la région.

Bien que le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde, les perspectives économiques étaient bonnes en 2018, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel estimée à 5,2 pour cent, à comparer avec 4,9 pour cent en 2017, selon la Banque africaine de développement (BAD). Ces dernières années, le Niger a diversifié ses exportations et a fait des progrès pour ajuster les déséquilibres commerciaux. Toujours selon la BAD, plus de 40 pour cent du pays vivait dans la pauvreté et plus de 80 pour cent de la population dépendait de l’agriculture pour sa subsistance en 2018. Le Niger figurait en 2018 au dernier rang des 189 pays recensés par l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement.

Au cours des premiers mois de l’année, les OSC, l’opposition, des syndicats d’enseignants et d’autres groupes ont continué de réclamer l’abrogation de la loi de finances de 2018, (loi n° 2017-82 du 28 novembre 2017), qu’ils jugent « antisociale » puisqu’elle augmente les impôts des groupes à faible revenu tout en offrant des allégements fiscaux aux grandes compagnies téléphoniques et minières. L’opposition des OSC à la loi a eu des répercussions sur plusieurs aspects de la viabilité des OSC au cours de l’année. Le contexte juridique des OSC s’est légèrement détérioré : le gouvernement a arrêté 26 représentants d’OSC qui avaient participé à des manifestations pacifiques contre la loi et a fermé des organes de presse qui avaient couvert la manifestation.

En revanche, l’activisme des OSC à ce sujet et sur d’autres points a contribué à l’amélioration du plaidoyer des OSC. L’image publique des OSC a connu une légère amélioration, car elles ont été perçues comme ayant pris acte des inquiétudes du public en manifestant contre la loi. En outre, la prestation de services par les OSC et l’infrastructure qui sous-tend le secteur des OSC se sont améliorées en 2018. Globalement, la pérennisation des OSC est restée stable en 2018.

Au 31 décembre 2018, le nombre d’organisations non gouvernementales (ONG) et associations de développement (AD) (selon la définition de la loi n° 84-49 de 1984) exerçant sur le territoire du Niger était de 2 895 selon le rapport annuel publié pour 2018 par le ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire (MAT/DC). En 2018, 160 nouvelles ONG et AD ont reçu leur agrément. Par ailleurs, 12 centrales syndicales et 26 000 organisations d’agriculteurs relevaient d’autres lois.