MIGRATION : Témoignage d’un ancien migrant irrégulier qui désire regagner son pays


M. Omar est un ancien migrant irrégulier de nationalité sénégalaise âgé de 39 ans. Il fait partie des rescapés de la frappe aérienne du mercredi 03 juillet 2019 à Tripoli et qui a touché le centre des migrants. Nous l’avons rencontré les dernières minutes avant son rapatriement volontaire du Niger vers le Sénégal.

«Il s’agit du pire moment de ma vie, j’ai failli mourir en voulant rejoindre l’Europe parce que je n’avais pas des papiers, » nous a-t-il confié sur un ton triste. Auparavant, M. Omar a passé 10 ans de sa vie en Espagne. Il y a 2 ans, il a été rapatrié de l’Espagne au Sénégal faute de documents de voyages. En effet, ce père de famille qui avait une compagne espagnole a tenté de retourner en Europe par le désert du Sahara (Niger). Arrivé en Libye, il a payé près de 1200 euros (750.000 FCFA) à un passeur pour la traversée de la méditerranée.

Ils étaient 114 migrants à bord. Un nombre largement supérieur à la capacité normal du bateau. En pleine méditerranée, le bateau les lâcha et prit l’eau.

« On voyait en face de nous un bateau humanitaire, vers lequel on lançait un signe de détresse. Malheureusement, ce bateau refusait de nous secourir… »  a expliqué M. Omar dans une émotion à peine contenue. Ils sont nombreux, les jeunes africains à se retrouver dans ce genre d’aventure périlleuse. Ils sont également nombreux les migrants comme M. Omar qui n’ont pas connaissance de la loi interdisant aux navires humanitaires de secourir dans la méditerranée sous peine de sanctions. Omar eut de la chance  car cet ancien migrant irrégulier fait partie des 14 rescapés de ce naufrage secourus par les gardes côtes libyennes. Il a passé un (1) an de détention dans le camp de migrants de Tajoura. Lequel camp avait subi des frappes aériennes de la troupe acquise au Général Haftar le 03 juillet 2019.

« Les milices ont libéré tous les prisonniers se trouvant dans cette prison pour qu’ils combattent avec eux, » témoigne-t-il. Mais, M. Omar a réussi à s’enfuir pour regagner l’Algérie dans l’espoir de se rendre en Europe. C’est de là qu’il a été encore rapatrié de force vers le Niger.

Aujourd’hui, M. Omar a demandé de l’aide à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour rentrer dans son pays (le Sénégal).  « Je retourne maintenant dans mon pays mais dans l’espoir de partir un jour en Europe par la voie légale » nous a-t-il promis.

Guevanis DOH (Journaliste – Consultant sur les questions migratoires).