Sommet UA 2019 : Discours du Président Issoufou, Champion de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)


Allocution d’ouverture du Forum des Affaires ZLECAf 2019 par S.E. Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et Champion de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)

« Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,

Madame la Secrétaire Exécutif de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique,

Mesdames et Messieurs le Ministres,

Mesdames et Messieurs les Dirigeants du Secteur Privé et Partenaires au développement de l’Afrique,

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais souhaiter la bienvenue à tous les participants aux présentes assises du Forum des Affaires, que le Niger est heureux d’abriter. Ce forum se tient  dans un contexte africain favorable, où le commerce intra-africain bénéficiera désormais des immenses avantages qui seront induits par  l’entrée en vigueur de la ZLECAf.

Le présent Forum revêt par conséquent une charge symbolique incontestable pour le continent, et en particulier pour le monde des Affaires, qui doit pouvoir tirer le meilleur parti des opportunités qu’offre ce nouveau cadre juridique et politique aux investissements intra-africains et, d’une manière générale, au monde des affaires.

Le Niger se félicite de cette avancée dans la marche résolue de l’Afrique vers son intégration et sa prospérité. Il s’agit en effet d’une opportunité extraordinaire que les responsables des gouvernements, les entreprises, le secteur privé et les acteurs du monde des affaires désireux de pouvoir approfondir, diversifier, ajuster ou réorienter leurs activités doivent pouvoir saisir. Et je suis convaincu qu’ils doivent pouvoir le faire plus facilement aujourd’hui,  à la faveur du nouveau contexte ambiant pour le climat des affaires en Afrique, où nos pays procèdent déjà à des réformes  ambitieuses pour créer un environnement attractif pour les investissements.

Aujourd’hui, l’Afrique peut s’enorgueillir de l’attrait qu’elle continue de susciter de la part des autres régions du monde. Les multiples partenariats stratégiques qu’elle a pu tisser avec diverses régions du monde sont aujourd’hui confortés par l’engagement de plus en plus grand des entreprises privées d’autres régions, confirmant en cela l’intérêt des acteurs du monde des affaires pour le continent.

Mesdames et Messieurs

Je voudrais relever, avec beaucoup de satisfaction, certains aspects de la nouvelle ère qui s’ouvre désormais devant nous, et que les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains lanceront officiellement, à l’occasion du Sommet Extraordinaire qui lui sera consacré demain. L’Afrique entrera alors officiellement dans la phase opérationnelle de la ZLECAf.

Cet épisode ne peut pas ne pas nous émouvoir car le rêve africain d’un continent intégré dans le cadre d’une Communauté Economique Africaine envisagé depuis longtemps dans le Traité d’Abuja, instituant la communauté Economique Africaine, se confirme. Le Traite d’Abuja constitue, comme vous le savez, un repère fort dans l’histoire de l’évolution économique et politique  du continent. Il est l’affirmation de la volonté de l’Afrique de s’unir, de mettre en valeur ses énormes potentialités et d’affirmer sa dignité dans le contexte mondial.

C’est dire tout le caractère historique de votre présence session.

C’est dire aussi que vous avez désormais de possibilités accrues pour réaliser vos activités sur le continent. Il vous revient de jouer  à fond pour conquérir les marchés de nos pays. Il vous revient aussi de découvrir de nouvelles zones que vous n’avez pas cherché à explorer, du fait des entraves multiformes que vous redoutez, qui ont longtemps plombé le commerce intra-africain.

Les  projections chiffrées sur la mise en œuvre effective de la ZLECAf prévoient la création d’un marché africain de 1,2 milliard de consommateurs, qui atteindrait  1,7 milliards en 2030 et 2,5 milliards en 2050.

En même temps, l’espace africain comptera une classe moyenne croissante de 350 millions de personnes qui devrait atteindre 600 millions d’ici 2030. Le PIB combiné de l’Afrique atteindrait  2,1 à 3,4 billions de dollars américains, selon ces projections. Et lorsque les mêmes estimations prévoient une consommation du secteur privé et des entreprises de 4,0 billions de dollars et un  commerce en ligne atteignant 75 milliards de dollars d’ici 2025, l’on peut se convaincre de l’importance de la place qu’occupera l’Afrique dans les décennies à venir.

C’est dire tout le potentiel d’investissement et de croissance qu’il revient au continent de mobiliser, pour corroborer ces promesses d’un continent riche, qui occupera véritablement la place qui est la sienne dans le contexte mondial.

C’est en cela que la mise en oeuvre effective  et rapide de la ZLECAf revêt toute son importance.

Mesdames et Messieurs,

Cette promesse d’une Afrique gagnante, engagée dans des partenariats gagnant-gagnant avec le reste du monde ne peut se réaliser que si vous décidez résolument d’intégrer le système commercial mondial en vous y imposant grâce à votre compétitivité, car les marchés nationaux  ne constitueront plus les limites objectives qu’ils représentaient depuis si longtemps.

Il vous revient dès lors d’adopter des stratégies d’affaires intelligentes à travers notamment la conclusion de partenariats qui vous permettront d’atteindre de nouveaux marchés, comme le suggère d’ailleurs le thème de votre Forum, en appelant au positionnement des entreprises à l’échelle sur le marché de la ZLECAf.

Il vous faudra également faire preuve d’un effort collectif dans la poursuite des objectifs convenus. A cet égard les comités nationaux de la ZLECAf et les stratégies nationales que vous élaborerez constituent des ressources précieuses qui vous aideront à tirer le meilleur parti des possibilités qu’offre la ZLECAf.

Il faudrait en particulier que vos stratégies conduisent à une situation où les avantages et les  gains de la ZLECAf puissent bénéficier à toutes les composantes des populations africaines, afin que cette initiative contribue effectivement à un développement durable et inclusif.

Mesdames et Messieurs,

Au regard des responsabilités qui sont les leurs, les gouvernements africains se doivent de consentir toutes les reformes et prévoir les institutions nécessaires au déploiement optimal du secteur privé dans le contexte de la ZLECAf.

Nos gouvernements veilleront à ce que certains instruments prévus dans le cadre de l’Accord, comme le mécanisme de notification, de suivi et d’élimination de barrières non tarifaires ; le tableau de bord de l’observation du commerce africain ; le portail en ligne pour les offres tarifaires et le système panafricain de paiement et de règlement numérique, soient scrupuleusement appliqués.

Par ailleurs, permettez-moi de rappeler que la ZLECAf n’est pas un projet isolé. En effet le premier plan décennal 2013-2023 prévoit 11 autres projets phares de l’agenda 2063 :

Le projet de réseau intégré de trains à grande vitesse ;

Le projet de l’université virtuelle panafricaine ;

La Stratégie africaine des matières premières ;

Le Forum africain annuel ;

Le projet d’espace aérien unique en Afrique;

Le projet de passeport africain et de libre circulation des personnes;

Le projet des institutions financières continentales;

Le projet du barrage du Grand Inga;

Le projet du réseau virtuel panafricain

Le projet de faire taire les armes d’ici à 2020;

Le projet relatif à l’espace.

Incontestablement, Il y a des domaines où l’intervention du gouvernement demeure toujours indispensable comme, entre autres, ceux relatifs aux infrastructures, à l’énergie et aux télécommunications, autant de domaines pris en compte comme projets phares du premier plan quinquennal de l’agenda 2063. Cependant beaucoup de formules et de formats peuvent toujours caractériser les partenariats et le commerce intra-africains, comme entre autre le partenariat public-privé. En tant que champion de la ZLECAf, j’ai beaucoup échangé avec les dirigeants africains, et je puis vous assurer qu’ils sont tous disposés à travailler étroitement avec le Secteur privé, dans l’esprit de cette grande initiative continentale.

En espérant  vivement que  la présente session, la première qui se déroule sous l’emprise de la ZLECAf, génèrera déjà les premiers et grands partenariats que nous souhaitons pour le commerce intra-africain, je déclare officiellement ouverte l’édition 2019 du Forum des Affaires de la ZLECAf.

Je vous remercie de votre attention »